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Macron en Russie pour le match retour face à Poutine

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citée par Marine Pennetier pour

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Tatiana KASTOUEVA-JEAN : « Toute la difficulté du grand écart d’Emmanuel Macron, c’est de donner une illusion de force face à quelqu’un qui sait pertinemment quelles sont vos faiblesses. »

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Un an après leur première rencontre au château de Versailles, Emmanuel Macron et Vladimir Poutine se retrouvent jeudi près de Saint-Pétersbourg pour un match retour au cours duquel le président russe pourrait capitaliser sur les divergences grandissantes entre Washington et ses alliés européens.

Point d’orgue de cette courte visite de 30 heures, ce tête-à-tête organisé à la veille d’un forum économique dont la France est avec le Japon l’invitée d’honneur, va être l’occasion pour les deux dirigeants d’évoquer les épineux dossiers ukrainien et syrien et de tenter de trouver de difficiles “points d’accord”.

“Nous travaillons en ce sens, avec la conscience de la difficulté que cela représente de dégager des points d’accord et d’avancer ensemble”, souligne-t-on à l’Elysée. “Il faut faire ce travail commun, nous le faisons les yeux ouverts”.

Les yeux ouverts mais avec une marge de manoeuvre toujours aussi étroite. En un an, les lignes russes n’ont pas bougé, que ce soit sur la Syrie où Moscou continue de soutenir le régime de Bachar al Assad ou sur l’Ukraine - Vladimir Poutine a exclu une nouvelle fois toute restitution de la Crimée à l’Ukraine et a récemment inauguré le très symbolique pont reliant l’ancienne péninsule annexée par Moscou en 2014.

A ces divergences s’est greffée en mars l’affaire Skripal, du nom de l’ancien agent double russe dont la mort au Royaume-Uni est imputée à la Russie, qui a fait ressurgir le spectre de la guerre froide et provoqué une expulsion massive et coordonnée de diplomates russes par des pays occidentaux.

L’IRAN, QUESTION CENTRALE

Seule petite fenêtre de tir pour la France, veut-on croire à Paris, la question de l’Iran. La décision de Donald Trump de quitter l’accord sur le programme nucléaire iranien conclu en 2015 a rapproché - une première depuis plusieurs années - les positions entre les différentes parties signataires (France, Allemagne, Grande-Bretagne, Chine, Russie, Iran).
 

  • “Par la force des choses, la France et la Russie se retrouvent un peu à partager la même position”, indique Tatiana Kastoueva-Jean, directrice du centre Russie de l’Ifri. “Pour autant, leurs positions ne coïncident pas totalement parce que la Russie défend l’accord comme il a été signé en 2015 et la France plaide pour un accord élargi”.
     

Pour convaincre Moscou d’adhérer à ce nouvel accord, “il va y avoir du travail”, reconnaît un diplomate français, “parce que la Russie est impliquée dans la région, notamment en Syrie, et a une attitude agressive envers l’Occident”.

Alimentée par une série de décisions américaines qui ont crispé la relation transatlantique, la nouvelle donne pourrait en effet profiter à Vladimir Poutine, appelé ces dernières semaines à user de son influence pour éviter une escalade au Proche-Orient, notamment entre l’Iran et Israël.
 

  • Ce nouveau contexte géopolitique permet au chef du Kremlin, devant lequel Emmanuel Macron n’avait pas mâché ses mots à Versailles notamment sur les questions d’ingérence, de droits des homosexuels et sur le conflit syrien, d’aborder l’entretien de jeudi en position de force, estime Tatiana Kastoueva-Jean.
     

“La faiblesse de la relation transatlantique ne permet pas à Emmanuel Macron d’avoir des positions suffisamment solides face à Vladimir Poutine”, souligne-t-elle. Et “dès qu’on se montre faible face à Vladimir Poutine, le président russe a tendance à s’engouffrer dans ces faiblesses. Donc toute la difficulté du grand écart à faire, c’est de donner une illusion de force face à quelqu’un qui sait pertinemment quelles sont vos faiblesses”.

LUCIDITÉ FRANÇAISE

Mais Emmanuel Macron, poursuit la spécialiste, “a une analyse extrêmement lucide de la Russie, il est également conscient que le camp occidental est bien affaibli et qu’il est assez seul au sein de l’Europe.”

Au lendemain de l’entretien au palais de Constantin, résidence d’été de Pierre Le Grand qui avait déjà été mis à l’honneur à Versailles l’année dernière, les deux dirigeants se retrouveront pour le forum économique avec le Premier ministre japonais Shinzo Abe.
 

  • “Sur le plan bilatéral il y a des avancées positives à afficher, notamment sur le plan économique : la France est le premier employeur étranger en Russie” et les échanges sont repartis à la hausse en 2017, note Tatiana Kastoueva-Jean.
     

“Vladimir Poutine a peut-être besoin d’Emmanuel Macron dans le sens où il a un programme très ambitieux de réformes sociales et économiques en Russie et il a besoin d’investissements et d’aide occidentale”, note Michel Eltchaninoff, philosophe et auteur de “Dans la tête de Vladimir Poutine”. “

Comme à Versailles, le président russe devrait une nouvelle fois plaider pour la levée des sanctions économiques imposées par l’Union européenne depuis l’annexion de la Crimée en 2014. Prolongées à plusieurs reprises, ces sanctions courent jusqu’au 31 juillet prochain.

Un temps évoquée, une prochaine réunion en format Normandie des dirigeants russe, ukrainien, allemand et français semble, elle, plus qu’incertaine. “Nous, on est prêts, on est des médiateurs mais on ne se réunit pas pour le plaisir de se réunir”, prévient-on à l’Elysée. “Pour l’instant, ce n’est pas prévu mais s’il y a des possibilités, s’il y a un mouvement qui se dessine des deux côtés on le fera”.

 

Relire l'article sur le site de Reuters

 

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Tatiana KASTOUÉVA-JEAN

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Directrice du Centre Russie/Eurasie de l'Ifri