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Pékin entend profiter du flou politique autour de Trump

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 citée par Zhifan Liu dans

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En quelques semaines, Donald Trump a chamboulé les rapports de force entre les deux premières puissances mondiales, faisant parfois passer le Parti communiste chinois pour ouvert et modéré. Retour sur quatre dossiers primordiaux.

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Il aura fallu attendre vingt jours avant que Donald Trump ne fasse un premier pas vers la Chine. Le 10 février, le président américain a, pour la première fois, appelé son homologue chinois et officiellement reconnu la politique de «Chine unique», si chère à Pékin. En décembre, il avait pourtant accepté le coup de fil de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen pour le féliciter de son élection, remettant en cause un demi-siècle de diplomatie avec la Chine, qui considère toujours Taïwan comme une province renégate. Cet entretien avec Xi Jinping apaise les tensions, mais brouille encore un peu plus la vision de la politique de l’administration Trump. Le président américain a attaqué plusieurs fois Pékin via Twitter, se montrant particulièrement virulent sur les questions économiques et militaires, mais son silence a été remarqué sur les questions d’environnement et les droits humains. En quelques semaines, Donald Trump a chamboulé les rapports de force entre les deux premières puissances mondiales, faisant parfois passer le Parti communiste chinois pour ouvert et modéré. Retour sur quatre dossiers primordiaux.

La gouvernance mondiale 

Pour une fois, médias chinois et occidentaux étaient d’accord. L’allocution de Xi Jinping au forum économique de Davos, en janvier, restera dans les mémoires. Trente minutes durant, sans notes et citant Charles Dickens, le président chinois a chanté les louanges du capitalisme, se positionnant comme le leader de la gouvernance mondiale. «Xi a révolutionné la politique chinoise, l’a rendue plus classique du point de vue occidental», estime Jean-Vincent Brisset, spécialiste de la défense et des questions stratégiques en Chine. Ce discours ponctuait une tournée en Suisse perçue comme une promotion de la mondialisation par le président chinois : «Pékin veut prendre les devants et cherche à se substituer à la puissance américaine déclinante», confirme Barthélemy Courmont, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). Une rupture avec la traditionnelle non-ingérence de la Chine : «Depuis plus de dix ans, Pékin exerce une stratégie de "soft power" en soignant son image pour se faire accepter dans certaines régions», poursuit le chercheur.

A Davos, Xi Jinping s’adressait indirectement à un Donald Trump élu mais pas encore investi, faisant allusion aux effets néfastes d’un éventuel désengagement américain sur la scène internationale. Selon Barthélemy Courmont, il est «impossible d’imaginer les Etats-Unis se replier sur eux-mêmes et se désintéresser de tous les dossiers internationaux». Pas vraiment isolationniste, Trump serait plus un «réaliste au sens le plus cynique du terme» qui «pourrait se désengager des dossiers qui ne l’intéressent pas ou dans lesquels il estime que les intérêts américains ne sont pas en jeu». Pour le chercheur, Trump revient à une nouvelle forme de pragmatisme républicain, symbolisé par la visite de Richard Nixon à la Chine communiste de Mao en 1972. Un retour à la «realpolitik» qui laisse le champ libre à la Chine sur les sujets délaissés par l’administration Trump. En réaction, Pékin «a visiblement ajusté sa posture internationale», confirme Barthélémy Courmont.

Le climat 

A Pékin et dans les grandes villes chinoises, la pollution est devenue insupportable pour la population. Une situation alarmante qui a poussé la Chine à se poser comme le champion inattendu de la cause climatique. «L’objectif premier de Pékin est d’améliorer les conditions environnementales sur son territoire, qui provoquent des mouvements sociaux. Combiné à un ralentissement de la croissance économique, cela peut créer quelque chose d’explosif», explique Gabrielle Desarnaud, chercheuse au Centre Energie de l’Institut français des relations internationales (Ifri). Présentée comme la plus grande pollueuse du monde et longtemps réticente à travailler sur la question, la Chine a radicalement changé de position. Dans son dernier plan quinquennal, le Parti communiste chinois prévoit un investissement à hauteur de 361 milliards de dollars d’ici à 2020 dans les énergies renouvelables. L’objectif : créer 13 millions d’emplois. «Le développement des énergies renouvelables permettrait à Pékin d’absorber les licenciements dans le secteur du charbon et de soulager les difficultés économiques auxquelles la Chine fait face aujourd’hui», affirme Gabrielle Desarnaud.

 

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Gabrielle DESARNAUD

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Ancien Chercheur au Centre Energie de l'Ifri