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Persécution des Ouïghours : Quelles conséquences les sanctions européennes peuvent-elles avoir ?

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  Jean-Loup Delmas
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Ce lundi, les 27 membres de l’Union européenne ont décidé des sanctions contre la Chine, au sujet de la persécution des Ouighours. Une grande première dans l’histoire européenne, qui était restée jusque-là passive sur le sujet. Ce premier pas peut-il avoir de réelles conséquences ou n’est-ce qu’un symbole ?

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Ce lundi, l’Union européenne a sanctionné la Chine pour la persécution de la communauté musulmane des Ouïghours dans la région du Xinjiang. Quatre dirigeants chinois et une entité de la région du Xinjiang sont désormais sous le coup de sanctions pour les violations des droits de l’homme, consistant en une interdiction de se rendre dans l’Union européenne et un gel des avoirs détenus dans l’Union européenne.

Pékin a répliqué en sanctionnant dix personnalités européennes, dont plusieurs élus du Parlement européen, accusées « de porter gravement atteinte à la souveraineté et aux intérêts de la Chine et de propager des mensonges et de la désinformation ». Les Européens et leurs familles seront interdits de séjour en Chine, à Hong Kong et Macao.

Lente mise en place de l’arsenal de sanction

Après des années de silence et de regard détournés sur le sort des Ouighours, qu’est ce qui a poussé l’Europe à agir ? « L’Union européenne n’avait pas d’instrument de sanctions jusqu’en décembre 2020 concernant les droits de l’homme », renseigne Marc Julienne, chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI) et spécialiste de la Chine. Une fois cet arsenal créé, il restait aux 27 nations à se mettre d’accord à l’unanimité, ce qui a là aussi pris du temps… pour finalement aboutir à cette décision. « La Hongrie notamment entretient de très bons liens avec la Chine, c'est normal que le processus fut long », renseigne le chercheur, sans parler de tout l'aspect économique.

Jean-Vincent Brisset, directeur de recherche à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), y voit également un contexte favorable. « La population européenne met de plus en plus la pression sur le sort des Ouighours, la Chine est très critiquée pour sa gestion du coronavirus et les Etats-Unis de l’administration Biden se montrent très offensifs avec le géant asiatique », énumère-t-il. Attention toutefois à ne pas résumer la position européenne à un simple alignement aux Etats-Unis.« Si tel était le cas, l’Europe serait montée au front depuis au moins 2019 », tempère Marc Julienne.

Seul contre tous

Les Etats-Unis, le Canada et le Royaume-Uni se sont alignés sur la position européenne. Les sanctions sont avant tout symboliques, tout comme la réplique chinoise. Mais en cas de surenchères, notamment économiques, la coalition qui se forme du coté occidental pourrait peser bien lourd.

« Si chaque camp réplique toujours plus fort, la victoire sera pour celui qui aura les reins les plus solides. Être plusieurs puissances alliées sera alors un énorme avantage pour tenir le plus longtemps », pèse Marc Julienne, qui rappelle que l’Union européenne est le premier partenaire commercial de la Chine, et que celle-ci a besoin de pouvoir exporter.

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La tentation du bras de fer pour la Chine

Le bloc occidental est encore bien fragile. Mais toute la stratégie américaine depuis l’arrivée de Joe Biden est de régler cette faiblesse, à en croire Marc Julienne 

« Les Etats-Unis cherchent à rassurer et resserrer leur réseau d’alliés dans le cas d’une nouvelle grande guerre diplomatique ». Les droits de l’homme, la démocratie et autres grandes valeurs peuvent être un ciment solide. Plus solide en tout cas que les « soutiens » chinois, des pays autoritaires comme la Russie, la Biélorussie ou le Venezuela, « bien moins des alliés que des associés de circonstance » poursuit le chercheur.

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> Lire l'article sur le site de 20 Minutes

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Marc JULIENNE

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Directeur du Centre Asie de l'Ifri