Pourquoi Volkswagen songe à fermer des usines en Allemagne
DECRYPTAGE - Le premier constructeur automobile européen envisage de fermer des usines sur le sol allemand, une première historique. Les perspectives du groupe de Wolfsburg, très dépendant de la Chine et à la peine dans l’électrique, s’assombrissent.
Outre-Rhin, la nouvelle fait l'effet d'un véritable tremblement de terre. Volkswagen a indiqué, ce lundi, qu'il envisageait de fermer des usines en Allemagne. Ce serait une première historique. Jamais, depuis sa création en 1937, le premier constructeur automobile européen, qui compte près de 660.000 employés dans le monde, n'a pris une telle décision sur le sol allemand. Ce serait aussi une première depuis 1988, quand le groupe avait fermé son usine de Westmoreland, aux Etats-Unis.
Volkswagen, qui aligne plus de 100.000 salariés en Basse-Saxe, où se situe son siège de Wolfsburg, explique que son actuel plan d'économies de 10 milliards d'euros d'ici à 2026 n'a pas tenu ses promesses. Volkswagen n'arrive pas, comme son programme l'ambitionne, à atteindre une marge opérationnelle de 6,5%. Au terme d'un deuxième trimestre marqué par une chute des ventes de voitures, celle-ci s'est élevée à 6,3%. Arno Antlitz, le directeur financier du géant allemand, n'a pas caché sa déception, la jugeant « trop faible ». « Dans la situation actuelle, la fermeture de sites de production de véhicules et de composants ne peut être exclue », a averti le groupe dans un communiqué.
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Aux yeux de Marie Krpata, chercheuse au Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) et à l'Institut français des relations internationales (Ifri), « l'environnement de marché s'est nettement assombri pour Volkswagen », ce qui explique « ses performances maussades ». Le groupe, rappelle-t-elle, pâtit d'une forte chute des ventes de voitures électriques en Allemagne après la décision du gouvernement de supprimer des aides à l'achat. « Face à des ventes qui ne décollaient pas, Volkswagen a dû proposer des voitures à moindre prix », renchérit la chercheuse.
Chercheuse, Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) de l'Ifri
Cette situation préoccupe au plus haut point le géant de l'automobile. Celui-ci s'expose notamment à une forte amende de Bruxelles s'il ne réduit pas suffisamment, grâce à l'électrique, les émissions de CO2 de ses voitures neuves vendues en 2025.
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« En 2023, 12% des ventes de Volkswagen dans l'Union européenne étaient des voitures électriques, souligne Marie Krpata. Or, pour atteindre les objectifs fixés pour 2025, il faudrait atteindre les 24%. » Interrogé, Volkswagen précise que les voitures électriques représentent aujourd'hui 18% de ses ventes globales sur le Vieux Continent.
Chercheuse, Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) de l'Ifri
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