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Présidentielle en Russie : à quoi servent les trois candidats de « l’opposition systémique » face à Vladimir Poutine ?

Interventions médiatiques |

citée par Mathilde Durand dans

  Le Parisien
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Le nationaliste Leonid Sloutski, le communiste Nikolaï Kharitonov et l’homme d’affaires Vladislav Davankov sont candidats à l’élection présidentielle russe. Issus de l’opposition « systémique », acceptée par le pouvoir en place, ils ne sont qu’une concurrence de façade.

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Et à la fin, c’est Poutine qui gagne ? À partir de vendredi et jusqu’à dimanche, les Russes sont appelés aux urnes pour élire leur nouveau président. Aux commandes depuis 24 ans, Vladimir Poutine devrait être très facilement réélu pour un mandat de six ans. Et pour cause : il fait face à trois candidats sans envergure, qui ont tous soutenu « l’opération militaire » en Ukraine.

Le premier candidat autorisé, Leonid Sloutski, 56 ans, représente le Parti libéral-démocrate de Russie (LDPR), nationaliste et conservateur. Un mouvement fondé et incarné par Vladimir Jirinovski jusqu’à sa mort en 2022. À côté, celui qui est président de la commission des Affaires étrangères et député à la Douma souffre de la comparaison en termes de popularité. Il a déjà prédit une « victoire énorme » de Vladimir Poutine.

Un autre candidat s’est également lancé dans la course au Kremlin : Nikolaï Kharitonov, représentant du Parti communiste. Âgé de 75 ans, il s’est déjà présenté à la présidentielle en 2004. Dans son programme, baptisé « Victoire », il défend une politique de nationalisation de la production et une politique sociale en faveur de la natalité. Des idées qui rejoignent totalement celles du parti au pouvoir.

Enfin, le dernier candidat est l’homme d’affaires Vladislav Davankov, chef du Parti du Nouveau peuple et vice-président de la Douma, la chambre basse du Parlement russe. Âgé de 40 ans, peu connu du grand public, il défend davantage de libertés pour les entreprises, une modernisation de l’économie et une décentralisation de l’État fédéral. Sur l’invasion russe en Ukraine, il évoque sur son site Internet « la paix et les négociations » mais selon les conditions de Moscou.

« Il apporte quelques petites nuances, note Tatiana Kastouéva-Jean, directrice du centre Russie-Eurasie de l’Institut français des relations internationales (Ifri). Il a essayé d’avancer l’agenda antiguerre mais a peur de ce qu’il peut lui arriver s’il reprend le flambeau d’un Boris Nadjedine (candidat de l’opposition écarté par la Commission électorale centrale). Il cherche plutôt à représenter les milieux d’affaires, les classes moyennes et urbaines qui en ont marre de voir toujours les mêmes sur la scène politique. »

Sa candidature ne devrait cependant pas faire d’ombre à Vladimir Poutine : en 2023, Davankov avait obtenu 5,38 % des voix à l’élection municipale de la ville de Moscou.

 

Une opposition « systémique » de façade

En Russie, seule l’opposition « systémique » est tolérée par le régime, rappelle Jules Sergei Fediunin, postdoctorant au Centre d’études sociologiques et politiques Raymond Aron (CESPRA) de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). « Elle joue le jeu, accepte de perdre les élections contre l’accès à un certain nombre de ressources administratives ou financières, explique-t-il. Ces partis sont représentés à la Douma et ne font pas l’objet de représailles de la part du régime. En échange, ils acceptent le leadership de Vladimir Poutine et la domination de son parti présidentiel, Russie unie, qui a la majorité absolue depuis des années. »

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Tatiana KASTOUÉVA-JEAN

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Directrice du Centre Russie/Eurasie de l'Ifri