C’est l’indicateur clé de l’orientation économique et politique de la Chine. Les travaux ont débuté ce mardi avec l’ouverture de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC), en présence du président chinois Xi Jinping. En tout, des milliers de délégués participent dans la capitale chinoise aux « Deux Sessions » qui se tiennent en parallèle - celle du Parlement proprement dit et celle d’une assemblée consultative. Si ces réunions donnent lieu à des votes à la quasi-unanimité de textes pré-approuvés par le Parti communiste chinois (PCC), elles offrent également un rare aperçu des priorités chinoises.

« Les Deux sessions font partie des rouages du PCC, toutes les idées et les décisions ont été prises en amont. La guerre commerciale avec Trump ne devrait pas impacter les choix des assemblées », décrypte Marc Julienne, directeur du Centre Asie à l’Ifri, soulignant néanmoins que le contexte n’allait pas favoriser une économie déjà fragilisée depuis quelques années.

Une croissance chinoise en danger

« La croissance économique de la Chine repose sur ses exportations et le marché américain devient mécaniquement plus compliqué. La croissance chinoise (qui ne serait en réalité que de 2,5 %, au lieu de 5 % espérés) va être très impactée car la Chine a finalement relativement peu de leviers pour faire pression dans le sens inverse », estime ce spécialiste de la géopolitique de la région. 

Lors d’une conférence de presse mardi, Lou Qinjian, le porte-parole de la session annuelle de l’Assemblée nationale populaire (ANP), le Parlement chinois, a d’ailleurs reconnu que l’économie nationale était confrontée à « de nombreuses difficultés et défis ».

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L’économie chinoise cumule plusieurs « facteurs négatifs, avec un chômage chez les jeunes très haut, une dette publique et privée très élevée et un coup d’arrêt du secteur immobilier. Le vieillissement de la population est très rapide, la société compte donc de moins en moins d’actifs. Les Deux sessions devront répondre à tous ces facteurs problématiques », assure encore Marc Julienne.

Les solutions devraient s’orienter vers une nouvelle politique de crédits. 

« C’est un plan de relance économique basé sur des crédits, comme ils le font depuis 30 ans, mais cette fois-ci des crédits ciblés sur la restructuration des dettes des gouvernements locaux et non illimitée. Il y aura peut-être aussi des annonces à dimensions sociales, dirigées vers les ménages qui consomment très peu et épargnent beaucoup », analyse notre spécialiste.

Une augmentation du budget de la Défense serait inquiétante

Sur la politique étrangère, « le discours du Premier ministre va couvrir un peu tous les sujets. Il y aura peut-être un passage sur Taïwan. Le moindre mot, la moindre virgule seront scrutés. À titre d’exemple, le concept de réunification pacifique qui dirige la politique du continent vis-à-vis de l’île a parfois été oublié ces dernières années, soulignant une ambiguïté stratégique », pour ce fin connaisseur de l’Empire du Milieu.

« S’il y a une augmentation significative du budget de la Défense, cela sera aussi intéressant pour décrypter les projets chinois dont l’objectif de coercition est croissant depuis 2020. Ce serait très inquiétant », alerte Marc Julienne, qui a publié en janvier dernier un article intitulé « L’Indo-pacifique face à Trump 2 », sur la géostratégie des grandes puissances dans la zone.

« En réalité, les Deux sessions sont des exercices très cérémonieux, très lisses. L’actualité n’interfère que peu mais les ministères continuent de faire le travail pendant ce temps-là ». [...]

Une interrogation demeure sur toutes les lèvres : Xi Jinping fera-t-il lui-même des commentaires directs sur les relations entre les États-Unis et la Chine ? Cela fait partie des points qui susciteront l’intérêt de la planète entière.

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