Devant un parterre de haut gradés à Moscou lors d'une réunion qui avait pour but de cadrer les objectifs de l'armée russe pour 2023, il a redit une nouvelle fois combien, dans son esprit, ce conflit dépassait l'Ukraine pour l'opposer aux pays de l'Otan. « Ce qui se passe est, bien sûr, une tragédie. Une tragédie commune. Mais ce n'est pas le résultat de notre politique, c'est le résultat de la politique de pays tiers. »

Après 300 jours de conflit, tout sera fait pour revigorer les forces russes, a promis Vladimir Poutine : troupes supplémentaires, bases navales renforcées à Berdiansk et Marioupol - deux ports ukrainiens occupés -, missiles hypersoniques de croisière qui entreront en service en janvier et amélioration « de notre triade nucléaire ».

« Les Russes se mettent dans la perspective d'une guerre de longue durée et d'attrition, constate Thomas Gomart, directeur de l'Institut français des relations internationales. « C'est une nouvelle phase de mobilisation pour jouer la masse contre l'agilité montrée par les Ukrainiens. Ils renouent avec une manière soviétique de faire la guerre en remettant des hommes pour tenir des lignes, même pas aguerris, et faire en sorte que les opinions occidentales se lassent. »

Hausse du budget de la défense

Pour soutenir l'effort militaire, le gouvernement envisage une hausse de 43 % du budget de la défense l'an prochain, selon Bloomberg, alors même que les revenus des exportations de pétroles et de gaz vont se réduire sous le coup des sanctions occidentales . Le déficit budgétaire du pays devrait atteindre 2 % du PIB dès la fin de 2022. « Nous n'avons aucune limitation de financement. Le pays et le gouvernement donnent tout ce que l'armée demande. Vraiment tout ! » a déclaré le chef du Kremlin.

Affichant une psychologie d'assiégé, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a estimé nécessaire d'augmenter l'effectif des forces armées à 1,5 million de militaires, dont 695.000 sous contrat. Par ailleurs, l'âge limite du service militaire sera augmenté et deux nouvelles entités administratives militaires seront créées dans le nord-ouest de la Russie.

Alors que les frappes russes détruisent en masse des infrastructures qui plongent la population ukrainienne dans le noir et le froid, l'hiver marque le temps du réarmement.

« Depuis la prise de Kherson, l'Ukraine ne parvient pas à transformer la dynamique militaire en succès politique et, à l'inverse, la Russie essaie de transformer une impasse militaire en un succès politique en réactivant la rhétorique nucléaire pour effrayer les Occidentaux », analyse Thomas Gomart.

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