"Un risque de prolifération nucléaire"
La région est-elle devenue le point chaud du globe ?
Oui, le revirement de l’Australie illustre un durcissement très significatif en réaction à l’affirmation agressive de la puissance chinoise dans l’ensemble de la région Indo-Pacifique. Cette politique s’est encore intensifiée durant la pandémie en mer de Chine orientale et méridionale, avec un changement de régime imposé à Hong Kong. C’est une véritable course aux armements, avec un risque de prolifération nucléaire.
- Avec des conséquences sur les autres pays de la région…
La Nouvelle-Zélande a une posture antinucléaire très affirmée. Mais le Japon, qui bénéficie déjà du parapluie nucléaire, est une « puissance du seuil », qui aurait techniquement les capacités d’un développement rapide de nucléaire militaire. Et la Corée du Sud, qui avait évoqué sa volonté de développer son propre sous-marin à propulsion nucléaire, peut être encouragée par la décision de l’Australie. Cette décision est vraiment un « game changer », et un élément de déstabilisation de la région. Elle témoigne d’une attitude beaucoup plus proactive des Etats-Unis et de leurs alliés pour mettre en place un front contre la Chine.
- Et Taïwan ?
La situation est extrêmement tendue dans le détroit de Taïwan. Les incursions chinoises maritimes et aériennes se multiplient depuis 2020, accompagnées de déclarations politiques très fortes du gouvernement chinois sur sa volonté de réintégrer Taïwan d’une manière ou d’une autre au continent. Les experts n’envisagent pas pour l’instant une attaque chinoise sur Taïwan, mais s’attendent à des accrochages qui auront valeur de test.
- La France et l’Europe se retrouvent de fait un peu exclues de cette région…
Ce n’est pas une exclusion mais un d’abord camouflet pour le partenariat franco-australien. C’est aussi très contradictoire avec les premières déclarations de l’administration Biden affirmant vouloir convaincre les partenaires européens de s’investir davantage dans l’Indo-Pacifique pour faire face au défi chinois. Mais la France reste de facto une puissance du Pacifique avec des territoires dans la région.
- Avec des craintes sur l’évolution d’une Nouvelle-Calédonie devenue indépendante vers la Chine…
Des rapports ont montré que la présence chinoise se renforçait en Nouvelle-Calédonie, avec des avancées en direction des forces indépendantistes. C’est un souci partagé par l’Australie et la France, ce qui pose également question sur la décision de l’Australie, qui ne peut qu’affaiblir leur coopération.
Propos recueillis par Francis BROCHET.
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