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Vladimir Poutine marginalise les Européens

Interventions médiatiques |

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  Philippe Ricard
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Le président russe pose ses conditions à l’OTAN, qui se réunit au niveau des ministres des affaires étrangères vendredi, et privilégie les discussions avec les Etats-Unis sur l’Ukraine et la sécurité du continent.

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Face aux exigences russes, les ministres des affaires étrangères de l’OTAN devaient tenter de se concerter, vendredi 7 janvier, lors d’une visioconférence annoncée dans la précipitation. Coups de fil, conférences virtuelles, rencontres de tous niveaux : les Etats-Unis ont entrepris de consulter leurs alliés européens avant d’engager des discussions très incertaines avec la Russie, dimanche 9 et lundi 10 janvier, à Genève, sur l’Ukraine et la sécurité du continent.

Depuis début décembre, les contacts entre Washington, Bruxelles et les capitales européennes se sont multipliés, avant comme après les deux conversations à distance entre le président américain, Joe Biden, et son homologue russe, Vladimir Poutine. Mais rien n’y fait : les Européens enragent d’être tenus à l’écart des tractations à venir et s’inquiètent de l’issue d’un processus mis en place sous la pression du Kremlin, alors que plus de 100 000 soldats russes resteraient massés près de la frontière ukrainienne.

UNITÉ ENTRE LES VINGT-SEPT

Premier motif de préoccupation : l’insistance de Vladimir Poutine à tenir les dirigeants Européens à l’écart des discussions. Le 18 décembre 2021, le numéro deux de la diplomatie russe, Sergueï Ryabkov, justifiait ainsi cette marginalisation : « Si nous y impliquons d’autres pays, nous allons tout simplement noyer tout cela dans les parlottes et le verbiage. » « Biden a réussi à apparaître comme un interlocuteur crédible auprès de Poutine, ce qui préoccupe les Européens, car cela ne fait que souligner qu’ils ne sont ni sérieux ni pertinents aux yeux du président russe », juge un diplomate européen.

« Ce format bilatéral a été imposé par Poutine, d’où le souci des Américains de consulter leurs partenaires européens, observe Alexandra de Hoop Scheffer, directrice du bureau du German Marshall Fund à Paris. Il est clair que le président russe cherche à diviser la communauté transatlantique. » Pour elle, Joe Biden essaie de son côté de tirer les leçons du retrait précipité des forces américaines d’Afghanistan, à l’été 2021, mené sans grande concertation avec les pays membres de l’OTAN.

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INTIMIDATION

Dans ce contexte, divers experts estiment qu’étant donné son degré d’exigence Vladimir Poutine n’entend pas faire réussir les prochaines négociations. « En tenant des propos  publics, il a semblé exclure tout compromis, puisque celui-ci pourrait apparaître comme une défaite de sa part », analyse Mme Dumoulin. De quoi encourager la thèse d’une prochaine agression de l'Ukraine? «En fait, M. Poutine juge peut-être qu’il en est au dernier moment possible d’une prise de contrôle par la force. Dans quelques années, l’armée ukrainienne sera plus forte. »

A l’heure où elle tente de se penser comme une puissance mais semble déjà réduire son ambition d’autonomie stratégique compte tenu de l'arrivée d'une nouvelle administration moins hostile, à Washington, l’Union européenne joue, en tout cas, très gros dans cet épisode.

« Nous avons vite oublié que Poutine a, lui, de la suite dans les idées et qu’il a lancé il y a long Temps sa tentative de contester l’ordre établi et le rôle de l’OTAN », déplore un diplomate bruxellois.

  • «En 2008, l’intervention de l’armée russe en Géorgie devait effectivement être comprise comme une volonté du président russe de réaffirmer sa domination militaire de l’ex-zone soviétique mais aussi de mettre un coup d’arrêt à l’expansion de l’Alliance atlantique», souligne Thomas Gomart, directeur de l’Institut français des relations internationales (IFRI) et auteur des Guerres invisibles (Tallandier, 320 pages, 20,90 euros).

 

L'annexion de la Crimée en 2014, la déstabilisation du Donbass et les interventions sur d’autres théâtres, dont la Syrie, ont montré ce que le politologue appelle la spécificité du pays : sa capacité à opérer « à tous les niveaux de conflictualité, de l’opération coup de poing à l’intimidation stratégique par le biais du nucléaire, en passant par les bombardements aériens, les missions à long rayon d’action et les opérations cyber». Le fait de masser des dizaines de milliers de soldats aux frontières de l'Ukraine constitue visiblement un autre outil dans cet arsenal.

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> Lire l'article sur le site du Monde

 

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Thomas GOMART

Thomas GOMART

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Directeur de l'Ifri