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Zimbabwe: ce qu'il faut savoir sur les premières élections post-Mugabe

Interventions médiatiques |

interviewé par 

  Tirthankar Chanda
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Ce lundi 30 juillet, les Zimbabwéens se rendent aux urnes pour élire dans un processus d'élections harmonisées à la fois leur président, leurs parlementaires et leurs représentants municipaux, espérant que cet exercice de leurs prérogatives démocratiques leur permettra de tourner définitivement la page sombre des années Mugabe. Ce sont les premiers scrutins depuis le retrait forcé de la vie politique du père de l’indépendance du Zimbabwe. Les autorités ont promis que ces élections seront libres, honnêtes et transparentes.

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Harare,Zimbabwe,10 July 2018. A main showing his presidential candidate for the elections.
Harare,Zimbabwe,10 July 2018. A main showing his presidential candidate for the elections.
Cecil Bo Dzwowa / Shutterstock
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Victor Magnani est spécialiste de l’Afrique australe au sein de l’Institut français des relations internationales (IFRI), à Paris. Ses recherches portent sur la démocratie en Afrique, sur les violences post-électoraIes et sur l’institutionnalisation de la démocratie électorale. C’est à partir de Bulawyo, deuxième ville du Zimbabwe, qu’il répond aux questions de RFI sur le tournant que représentent les scrutins qui se tiennent ce 30 juillet dans le pays de Robert Mugabe.

 

RFI: On a assisté ces derniers jours à une réduction d’écarts en intentions de vote entre les deux favoris du scrutin présidentiel. L’opposition peut-elle créer la surprise ?

Victor Magnani: L’écart s’est en effet rétréci entre les deux rivaux selon le récent sondage du groupe Afrobarometer, mais il reste encore beaucoup d’indécis qui vont faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Pour l’observateur que je suis, il a été absolument fascinant de voir combien les militants de l’opposition zimbabwéenne croient en la possibilité pour leur champion de remporter cette présidentielle et d’ouvrir une nouvelle ère. Mon regard est peut-être un peu biaisé car je suis passé uniquement par les grandes villes comme Harare ou Bulawyo dont l’électorat est acquis à l’opposition. Les régions rurales ont toujours eu la réputation d’être proches du parti au pouvoir. Force est toutefois de constater qu’il y a néanmoins une dynamique en faveur de l’opposition. Tout de suite après le coup d’Etat de novembre dernier, les experts avaient noté un soutien populaire massif pour la Zanu-PF, débarrassée de Robert Mugabe. Huit mois après, la dynamique semble s’être inversée en faveur de l’opposition au point que celle-ci menace la domination historique de la Zanu-PF sur le pays.


Comment expliquez-vous ce renversement de tendance ?

Pour moi, le mérite en revient au chef de l’opposition, Nelson Chamisa, qui est une révélation de ce scrutin. Il est devenu une personnalité extrêmement importante de la vie politique, qui a su fédérer autour de lui les principales forces de l’opposition et la jeunesse. Lui-même il est jeune, âgé de 40 ans, qui attire vers lui une nouvelle génération d’électeurs qui ont l’impression d’avoir été laissés pour compte pendant trop longtemps et qui estiment qu’il est temps aujourd’hui pour eux de gérer le destin de leur pays. Il y a toujours beaucoup de monde dans les meetings de Nelson Chamisa, surtout des jeunes. Cette jeunesse piaffe d’impatience pour prendre en main l'avenir du pays. Chamisa est leur homme. Celui-ci a gagné énormément en maturité ces derniers mois. Il n’hésite pas à rappeler qu’il se situe dans la filiation de ceux qui ont libéré le pays, mais que la vieille garde au pouvoir à Harare a le devoir de passer la main à la jeunesse. Les récents sondages traduisent cette vague de fond, sans qu’on puisse dire aujourd’hui lequel des deux rivaux va remporter la présidentielle. Il est possible que les autorités soient amenées à organiser un second tour pour départager les deux candidats.


Qu’est-ce qui distingue la Zanu-PF Mugabe et Mnangagwa du MDC de Chamisa ?

Du point de vue de  doctrine politique, il y a peu de choses qui les différencient. Les ressemblances dans les programmations sont liées, à mon avis, à la situation catastrophique dans laquelle se trouve le Zimbabwe. L’urgence absolue pour quel que soit le parti politique qui arrive au pouvoir demain, c’est de sortir le pays de l’ornière, de favoriser l’industrie, relancer l’agriculture. Les priorités sont forcément les mêmes. Ce qui différencie la Zanu-PF de l’opposition, c’est la pratique politique: d’un côté vous avez un parti qui se confond quasiment avec l’Etat ayant été au pouvoir depuis l’indépendance, de l’autre le MDC qui n’a jamais exercé le pouvoir si ce n’est qu’après le scrutin de 2008 quand il a fait partie d’un gouvernement d’union nationale.

 

Interview par Tirthankar Chanda sur RFI

Lire la version longue de l'interview sur le blog du programme Afrique subsaharienne de l'Ifri : afriquedecryptages.wordpress.com

 

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Victor MAGNANI

Intitulé du poste

Ancien Chargé de projets, Centre Afrique subsaharienne de l'Ifri

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Cecil Bo Dzwowa / Shutterstock
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