Les "émeutes de la faim" : une lecture (géo-politique) du changement (social)
Les "émeutes" de l'année 2008 ne renvoient pas à des situations de pénurie alimentaire aggravée, comme dans les zones de conflit ou lors des épisodes de grande sécheresse. Hormis certaines ruptures conjoncturelles d'approvisionnement, les denrées de base n'ont, dans l'ensemble, pas fait défaut sur les marchés urbains ?
Les 'émeutes de la faim' d'Afrique subsaharienne ne peuvent être expliquées par la seule hausse des prix des matières premières agricoles et des denrées alimentaires de base. L'insécurité alimentaire y résulte plutôt de la conjonction de trois facteurs : une baisse conjoncturelle et localisée de disponibilité des produits, un manque structurel de ressources monétaires des populations, et un affaiblissement des filets sociaux de sécurité. Au-delà de l'événement, c'est la question de la conception même du développement dans les sociétés concernées qui se trouve posée.
Pierre Janin, géographe à l'Institut de recherche pour le développement depuis 1995, travaille sur le devenir des agricultures familiales et la gestion de l'insécurité alimentaire en Afrique subsaharienne. Il a coordonné avec B. Giblin un numéro de la revue Hérodote sur 'Les enjeux de la crise alimentaire mondiale' et prépare actuellement un dossier 'Gouvernance de la faim' pour Politique africaine.
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