Populismes et relations internationales. Politique étrangère, n° 2, été 2024
Les populismes font florès, en Europe et ailleurs : en Argentine, peut-être demain à nouveau aux États-Unis… Que nous disent-ils de nos sociétés ? Et, s’ils arrivent au pouvoir, comment les modèlent-ils ? Leurs politiques économiques ont-elles quelques chances de succès ? Les politiques étrangères de leurs gouvernements influent-elles plus sur leur environnement, ou sur leurs propres sociétés ? Un « Trump 2 » au pouvoir à Washington serait-il totalement libre, et avec quels effets, de ses choix ?
La tragédie de Gaza interdit-elle tout espoir d’avenir ? La solution « des deux États », la seule rationnelle, peut-elle encore être mise en œuvre ? Il faudrait pour cela redessiner une géographie mise à mal par la colonisation, retrouver une voix palestinienne crédible pour une longue négociation, chercher l’acceptation de la société israélienne et qu’une communauté des puissances se manifeste réellement pour faire pression en faveur de la seule solution imaginable.
En marge des drames d’Ukraine et de Gaza, l’Afrique confirme son statut de champ ouvert à la rivalité de puissances de tous ordres : retrait de la France, hésitations américaines, avancées russes, présences de la Turquie, de l’Iran, des États du Golfe, de la Hongrie et même de l’Ukraine… Les stratégies opportunistes se multiplient : peut-on pourtant discerner là une rationalité géopolitique globale ?
Dans un entretien qui ouvre ce numéro de Politique étrangère, Thierry de Montbrial analyse une scène internationale où se trouvent mis en cause les grands instruments pensés ces dernières décennies au profit d’une gouvernance mondiale. Il s’interroge en particulier sur les effets de la guerre d’Ukraine et le destin incertain de l’Union européenne.
Gouvernance mondiale, Ukraine, Union européenne : Quo vadis ?, par Thierry de Montbrial
POPULISMES ET RELATIONS INTERNATIONALES
Populisme et extrême droite : de quoi parle-t-on ?, par Jean-Yves Camus
Diversité et échecs des populismes économiques, par André Cartapanis
Qu’est-ce qu’une politique étrangère populiste ?, par Sandra Destradi (lire cet article)
Les institutions américaines et l’hypothèse « Trump 2 » : la tentation autoritaire, par Lauric Henneton
L’Argentine à l’heure du « mileisme », par Florian Vidal
ISRAËL-PALESTINE : PENSER LA PAIX ?
Israël-Palestine : une seule solution, les deux États, par Élie Barnavi (lire cet article)
Israël-Palestine : quelles géographies ?, par Michel Foucher (lire cet article)
ACTUALITÉS
Mer Rouge : changement d’ère géopolitique, par Cyrille P. Coutansais
Afrique : le nouveau Grand Jeu, par Thierry Vircoulon
Birmanie : triomphe militaire inaccessible, paix négociée improbable ?, par Christian Lechervy
REPÈRES
Paris 2024 : géopolitique des Jeux olympiques, par Jean-Baptiste Guégan
La Syrie : représailles « post-guerre civile » et rémanence du passé, par Myriam Benraad
LECTURES
Sous la responsabilité de Marc Hecker
L’enchevêtrement des crises au Sahel. Niger, Mali, Burkina Faso, de Jean-Pierre Olivier de Sardan
Le djihad de la vache. Pastoralisme et formation de l’État au Mali, de Giovanni Zanoletti
Par Alain Antil
Backfire: How Sanctions Reshape the World Against U.S. Interests, de Agathe Demarais
Par Michel Makinsky
Populismes et relations internationales. Politique étrangère, DUNOD/Armand Colin, n° 2 été 2024, 224 pages, 23 euros.
Vente au numéro : CAIRN
En librairie le 7 juin 2024.
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Populismes et relations internationales. Politique étrangère, n° 2, été 2024
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Avec plusieurs objectifs en vue, dont celui de devenir un acteur diplomatique incontournable sur la scène régionale et internationale, Ankara tente de rapprocher Hargeisa et Addis Abeba qui s’opposent sur un accord entre ce dernier et le Somaliland. Si la troisième réunion prévue mi-septembre a été repoussée, l’initiative a permis de préserver un canal de discussion... Et les nombreux intérêts turcs dans la région.
Un Moyen-Orient entre guerres et recomposition
Dans un Moyen-Orient chaotique, la date du 7 octobre 2023 marque un tournant majeur qui peut conduire à un embrasement de toute la zone. La guerre à Gaza intervient dans une situation déjà en pleine évolution caractérisée par l’affirmation de l’autonomie stratégique de plusieurs puissances régionales de même que par un basculement géopolitique au profit de la Russie et de la Chine.
Iran et Israël : meilleurs ennemis
L’attaque de missiles iraniens sur le sol israélien le 13 avril 2024, suivie par une riposte d’Israël visant une base militaire proche d’un des principaux sites nucléaires iraniens, fut le point d’orgue d’une guerre multiforme qui oppose les deux pays depuis plusieurs décennies. Alors qu’Israël entretenait les meilleures relations, diplomatiques et même militaires, avec l’Iran du Shah Mohammad Reza Pahlavi, il est apparu très vite qu’il n’en serait pas de même avec la République islamique.
La France a-t-elle encore une politique arabe ?
Dès la fin de la guerre d’Algérie, la France a systématiquement repris contact avec les pays arabes qui avaient rompu les relations diplomatiques au moment de la malheureuse expédition de Suez de 1956. Ainsi se sont renouées ou nouées des relations actives et souvent confiantes, y compris avec des pays où elle était absente, comme les émirats du Golfe. Le président Chirac a voulu formaliser et conforter cette orientation lorsque le 6 mars 1996, à l’université du Caire, il a évoqué la « politique arabe et méditerranéenne » de la France. Par-delà quelques principes communs, il s’agissait naturellement d’une politique à géométrie variable selon les pays, avec la volonté d’être présent dans cet ensemble de pays qui sont nos voisins proches, situés dans une zone stratégique et dont d’importantes communautés vivent en France. Très tôt attachée à contribuer à la paix entre Israël et les pays arabes, la France prône une politique équilibrée entre le maintien de la sécurité d’Israël et le soutien du processus de paix israélo-palestinien qui donnerait le droit à l’autodétermination des Palestiniens et à la création d’un État. À cet égard, l’année 2007 représente une rupture due à l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy qui sur ce plan, comme sur d’autres, a pris le contre-pied de son prédécesseur. Depuis lors, la politique de la France dans cette région n’a plus la même priorité, réagit plus qu’elle n’agit et semble flotter entre une volonté de maintenir ses liens avec les pays arabes et une certaine complaisance à l’égard d’Israël.