American Foreign Policy and the Utopian Imagination
(This book review is published in French only)
Partant de l’hypothèse qu’en politique étrangère les décideurs sont influencés par 'l’image nationale' de leur pays, c’est-à-dire par l’ensemble structuré de croyances collectives à forte charge affective nourries à son égard et quant à sa place dans le monde, la politologue S. Matarese (université de Louisville) a cherché à reconstituer ladite image à propos des Etats-Unis. Elle a exploité à cet effet le corpus d’œuvres utopiques écrites par des américains entre 1889 et 1900 (le tarissement de cette production après 1900 n’est pas expliqué), soit 212 titres au total, dont le plus célèbre fut Looking Backward, de Bellamy.
L’auteur a classé le contenu de ces ouvrages par thèmes, et a dégagé deux grands axes, moins contradictoires que complémentaires:
- un axe d’introversion où les Etats-Unis sont présentés comme l’utopie déjà réalisée (ou en voie de l’être si les réformes préconisées par l’auteur sont mises en œuvre), une société idéale en parfait contraste avec l’Ancien Monde immoral et décadent;
- un axe d’extroversion où ils sont la clef de voûte (et le fait générateur) d’un monde prospère et pacifié, soit parce que l’exemple américain est contagieux, soit parce que les Etats-Unis interviennent activement (et unilatéralement!) pour mettre au pas les pays récalcitrants, soit parce qu’ils disposent de l’arme absolue. La recherche d’un environnement mondial libéral démocratique serait donc antérieure à Woodrow Wilson.
Le livre s’achève par l’exposé des critiques adressées aux variantes contemporaines de cette recherche (Ronald Reagan, George Bush Senior, Bill Clinton) par les tenants de l’école réaliste, critiques que l’auteur reprend à son compte mais dont les attentats du 11 septembre (voire ceux commis auparavant par Al-Qaida) ont affaibli la pertinence.