Aide et commerce, une nécessaire complémentarité
La pensée économique en matière de développement était dominée dans les années 1980 par l’idée selon laquelle la libéralisation des échanges serait la clé de la croissance et du développement et constituerait à ce titre une stratégie plus prometteuse que le recours à l’aide classique. Or, les liens supposés bénéfiques entre ouverture commerciale et croissance n’ont jamais été démontrés. Dès lors, un moyen plus efficace d’aider les pays en développement (PED) pourrait consister à leur accorder un traitement préférentiel dans le cadre du régime commercial international. Le Traitement Spécial et Différencié (TSD) prévu par les dispositions est conçu dans cet esprit. Toutefois le TSD s’est révélé une arme à double tranchant en incitant en particulier les PED à ne pas participer pleinement au processus de libéralisation commerciale. En outre, la persistance de réflexes protectionnistes a affaibli l’impact potentiel de ces mécanismes. Ainsi dans le cadre du Système Généralisé de Préférences de l’UE, celle-ci garde la liberté de décider unilatéralement d’exclure certains produits du champ d’application du mécanisme si ce produit est en concurrence avec une production européenne . Toutefois, suite à la conférence de Doha, l’objectif prioritaire est maintenant d’accroître l’impact « développemental » du commerce tout en mettant l’aide au service du commerce. Pour ce faire une approche intégrée de l’aide est mise en avant. Il est important, d’une part, d’utiliser l’aide pour favoriser le développement de la capacité exportatrice des PED. Il convient, d’autre part, de faire en sorte que les politiques d’aide soient réorientées de manière à compléter les mesures d’encouragement des échanges par des mesure destinées à favoriser les retombées positives desdits échanges. Parallèlement des efforts doivent être faits pour mettre en cohérence les différentes politiques des économies industrialisées. Enfin, consacrer l’essentiel de l’effort d’aide au développement des échanges et à l’optimisation de leurs effets bénéfiques signifie également de revoir le système de préférences. En conclusion, il faudrait aussi que les institutions internationales coordonnent leurs activités en faveur des PED pour les rendre plus efficaces en termes d’aide au développement.
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesMulti-alignement et de-risking. Les réponses du Sud global à la fragmentation du monde
Les turbulences et les conflits menacent la stabilité de l’ordre mondial. Quelle est la réaction du Sud global face à ces risques ?
Les ports allemands face à la Chine. Comment concilier ouverture, résilience et sécurité ?
Tributaire de ses ports pour la bonne marche de son modèle économique ouvert, l’Allemagne a profité de la mondialisation au cours des dernières décennies, lorsque l’internationalisation de ses chaînes de valeur a renforcé sa compétitivité. Au regard du durcissement géopolitique, les vulnérabilités de la première puissance économique européenne se font jour.
Farm Bill 2024 : les raisons du blocage de la loi agricole aux États-Unis
À rebours de l’image très libérale de l’économie américaine, le secteur agricole bénéficie aux États-Unis d’un interventionnisme fédéral solide depuis les années 1930. L’effondrement des prix agricoles à la suite de la crise de 1929 avait en effet plongé les farmers américains dans la misère et justifié le passage du Agriculture Adjustment Act dans le cadre du New Deal, dès mai 1933. Depuis, la loi agricole est renouvelée tous les cinq ans.
Climat, finance, géopolitique. Les illusions des hommes, les défis de l'Europe
La combinaison de tensions géopolitiques, du dérèglement du climat et d’une finance occupant une part croissante dans l’économie nous entraîne sur des terrains inconnus. Jusqu’à une période récente, chacun de ces sujets était abordé séparément. Désormais, ils sont indissociables, à la fois par leur gravité mais aussi parce que tous trois révèlent l’ampleur des illusions des hommes.