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Archives inédites : le Crif face aux accords d’Oslo

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À partir d'archives inexploitées du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (Crif), Marc Hecker et Samuel Ghiles-Meilhac reviennent sur l'histoire du processus d'Oslo, bientôt trente ans après la poignée de main historique entre Yithzak Rabin et Yasser Arafat et alors qu'une nouvelle escalade meurtrière a fait plus de 35 morts en cinq jours la semaine dernière.

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La poignée de main entre Yitzhak Rabin et Yasser Arafat, devant le président américain Bill Clinton, le 13 septembre 1993
La poignée de main entre Yitzhak Rabin et Yasser Arafat, devant le président américain Bill Clinton, le 13 septembre 1993
© Shutterstock / Mark Reinstein
Corps analyses

L’année 2023 marque le trentième anniversaire des accords d’Oslo qui avaient ouvert d’immenses espoirs de paix au Proche-Orient. Trois décennies plus tard, ces espoirs se sont envolés. Plusieurs guerres ont opposé Israéliens et Palestiniens, une barrière — qui prend la forme d’un mur par endroits — a été érigée entre Israël et les territoires palestiniens, la colonisation s’est développée, le Hamas a pris le pouvoir à Gaza, l’Autorité palestinienne semble incapable de se réformer, et en Israël — où l’extrême-droite est arrivée en force au gouvernement fin 2022 — la démocratie est malmenée.

Après les printemps arabes de 2010-2011, la cause palestinienne est passée à l’arrière-plan. Le Moyen-Orient a été secoué par des affrontements bien plus meurtriers que le conflit israélo-palestinien, à commencer par la guerre civile syrienne. Avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, les perspectives de paix n’ont pas disparu de la région, mais la donne a changé : en 2020, les Palestiniens sont ainsi apparus comme les grands oubliés des Accords d’Abraham signés entre Israël et plusieurs pays arabes (Émirats arabes unis, Bahreïn, Soudan et Maroc).

En décembre 2022, le ministre des Affaires étrangères d’Arabie saoudite a laissé comprendre que son pays ne rejoindrait pas ces accords tant qu’un État palestinien ne serait pas créé. Quelques jours plus tard, Benyamin Netanyahu a accordé un long entretien à Al-Arabiya dans lequel il a pris le contre-pied de Woodrow Wilson qui promouvait des « conventions de paix ouvertes, préparées au grand jour » (« open covenants of peace, openly arrived at »). Le Premier ministre israélien s’est au contraire déclaré favorable aux « conventions de paix ouvertes, négociées secrètement ou discrètement », sous-entendant que des surprises pourraient encore arriver.

En 1993 aussi, les négociations se déroulèrent secrètement avant d’aboutir à la célèbre poignée de main entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin. L’effet de surprise, voire de sidération, en fut d’autant plus grand, y compris chez des acteurs très engagés pour l’une ou l’autre des parties. C’est ce que montre cet article, en analysant des archives jusqu’alors inexploitées du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Au cours des années 1970 et 1980, cet organisme cherchait à tout prix à freiner le processus de légitimation de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) qu’il considérait comme un groupe terroriste. Au moment du processus d’Oslo, les dirigeants du Crif ont effectué un revirement complet. Ils ont été mis devant le fait accompli lorsqu’ils ont appris, par voie de presse, que les négociations israélo-palestiniennes étaient sur le point d’aboutir. Ils ont alors décidé de « changer de logiciel » et de ne plus considérer les Palestiniens comme des terroristes, mais comme des partenaires potentiels. En d’autres termes, ils sont passés brusquement d’une posture de combat à une logique de paix, et ont entamé un dialogue avec les défenseurs de la cause palestinienne en France.

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Marc HECKER

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Directeur adjoint de l'Ifri, rédacteur en chef de Politique étrangère et chercheur au Centre des études de sécurité de l'Ifri

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Un soldat contemplant un coucher de soleil sur un véhicule blindé de combat d’infanterie
Centre des études de sécurité
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