Différences et démocratie en Europe
Un des défis de la citoyenneté européenne consiste à intégrer les citoyens dans une culture politique commune, condition sine qua non d'un processus démocratique digne de ce nom, tout en se gardant de reproduire les entreprises d'assimilation qui ont eu lieu dans la plupart des Etats européens sous couvert d'universalisme, et se montrer vigilant face aux tentations d'eurocentrisme.
Face à la menace d'une homogénéisation excessive, il est important de protéger la diversité, voire de valoriser la différence en soutenant en Europe les multiples identités historiques et culturelles, qu'elles soient communales, régionales ou nationales.
En même temps, pour éviter les risques de fragmentation politique et culturelle de la société, la politique de la reconnaissance ne doit pas se substituer à la politique de l'intégration, mais simplement venir l'équilibrer, pour que la création d'une culture politique commune et la protection de droits égalitaires aillent de pair avec la valorisation des différences.
En ce sens, il est indispensable de développer en Europe une démocratie de proximité qui a le mérite, non seulement d'assurer une plus grande efficacité politique, mais également de soutenir l'identité et le lien social à l'intérieur de la région ou de la cité. Si la région représente un niveau opportun pour exercer la démocratie de proximité, la ville apparaît elle aussi comme un acteur collectif intéressant. D'où l'importance de doter les collectivités locales davantage de compétences, comme le proposent les institutions européennes - qui ont développé un modèle européen axé à la fois sur la concertation locale et la compétition des territoires.Pour garantir la cohésion de la communauté politique européenne, il faut également veiller à ce que les collectivités locales et régionales ne se replient pas sur elles-mêmes, et à ce que la concurrence ne prenne pas le pas sur la coopération.
L'important est ici que la délibération publique soit menée dans un langage commun, accessible à l'ensemble des citoyens car dépassant la singularité dont est porteur le local. Cela suppose de la part des institutions politiques un haut degré de neutralité, permettant de gérer la diversité et d'assurer l'efficacité de l'échange démocratique. Cela suppose aussi que les citoyens d'Europe partagent une culture politique, à partir de laquelle ils puissent ensemble développer un projet de société européen sans s'enfermer dans une identité exclusive, donc source d'exclusion.
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