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Europe : hier, aujourd'hui, demain

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(Titre original de l'ouvrage: Evropa : vtchera, segodnia, zavtra)

'La Russie a été et sera toujours d’Europe.' Certes, d’une Europe particulière, 'à la périphérie du continent eurasiatique', mais d’Europe tout de même. C’est ainsi que l’académicien N. M. Chmelëv, directeur de l’Institut d’Europe de l’Académie des sciences de Russie, introduit l’important ouvrage collectif dont il dirige la publication. Ce rappel ou, mieux, cette profession de foi constitue également la ligne directrice de cet ouvrage volumineux consacré au Vieux Continent et rédigé par quelque trente auteurs, pour la plupart chercheurs à l’Institut d’Europe, selon des approches et des problématiques aussi diverses que variées.
Sont ainsi successivement abordés les aspects historiques et culturels, politiques, économiques et sociaux, les questions de sécurité et de régionalisme, sans oublier le cas particulier des Etats post-communistes, de la construction et de l’intégration communautaires, pour terminer sur la place de l’Europe dans un monde multipolaire. Cet intérêt de la Russie pour l’Europe est d’autant plus naturel que, contrairement aux Etats-Unis ou, dans une moindre mesure, à la Chine, l’Europe ne manifeste pas de 'visées hégémoniques susceptibles de menacer l’indépendance de la Russie', quand bien même 'l’Allemagne y occuperait une place prédominante'.
Il n’est bien entendu pas possible de présenter dans le détail les 35 chapitres de cet ouvrage, ni même de citer le nom de tous les auteurs. On ne relèvera que le nom de certains d’entre eux, plus connus du public français, tels celui de V. Jourkine, ancien directeur de l’Institut, de la sociologue L. Chevtsova ou de Y. Roubinski. On peut alors constater que, si chaque auteur développe sa propre vision, on retrouve la ligne directrice énoncée par N. M. Chmelëv marquant résolument l’ancrage de l’Institut et de ses chercheurs dans la logique 'occidentaliste'. Le continent européen s’est construit à partir d’une histoire, d’une culture, d’une éthique communes fondant une entité civilisationnelle qui est à la fois un ciment pour les Européens eux-mêmes et une force d’attraction pour les autres.
Dans le domaine de l’économie, il n’est pas étonnant, au regard de la situation de l’ensemble des Etats ex-communistes, de trouver un chapitre consacré au relèvement de l’Europe occidentale au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et aux prémisses de la construction européenne. L’allusion à une certaine similitude de situation y est limpide. Quant à la régionalisation, la Russie semble suivre avec un grand intérêt la politique de Bruxelles tant dans sa dimension infra- que supra-étatique. Pourtant, les Russes constatent aussi avec une certaine gêne et regrets que, lorsqu’on parle de l’Europe, le plus souvent on pense d’abord aux pays membres de l’Union européenne, ce qui est à la fois une 'aberration géographique' et une démonstration de la réalité et du succès de l’intégration communautaire. Celle-ci, au demeurant, ne doit pas laisser la Russie à l’écart. Or, à l’heure actuelle, la coopération entre la Russie et l’Union se développe davantage dans le domaine de la culture, ce qui est une bonne chose, que dans ceux de l’économie et de la politique, ce qui serait souhaitable.
L’idée, assez répandue à l’Ouest, d’une sécurité qui ne pourrait être assurée que par une Alliance atlantique de plus en plus étendue vers l’est, jusqu’aux frontières mêmes de la Russie, ne suscite ici que méfiance. La mise en œuvre d’une telle idée conduirait inéluctablement à un retour des tensions, voire à une confrontation, sur le Vieux Continent. Cette crainte, naturelle en Russie, commencerait d’ailleurs à se diffuser dans des Etats ouest-européens, les conduisant à ne plus suivre aussi aveuglément la politique de Washington. En revanche, le renforcement d’une politique européenne de sécurité et de défense (PESD) autour d’un pilier européen de l’Alliance constitué au sein de l’Union est ici perçu comme un facteur positif. En un mot, non à l’Alliance et à son élargissement, oui à la PESD et à sa montée en puissance, fût-ce dans un cadre euro-atlantique.
Bien d’autres questions ont été abordées dans cet ouvrage très riche, sur le détail desquelles on ne peut entrer. On se contentera de constater que, tout au long des contributions, on retrouve le goût des Russes pour la dialectique, en l’occurrence celle qui mène de l’identique au spécifique. Ces conceptions sont appliquées tant aux relations politiques à l’intérieur de la partie occidentale du continent qu’à celles entre la Russie et le reste de l’Europe, cette Russie qui est à la fois même et autre.

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