Le Caucase : Arménie, Azerbaïdjan, Daghestan, Géorgie, Tchétchénie
A l’instar de la nature, qui a inventé des espèces animales hors normes comme l’ornithorynque ou l’hippocampe, l’histoire semble avoir pris plaisir à inventer un espace géopolitique tout aussi étrange en créant le Caucase, territoire disparate par sa pluralité ethnique, linguistique et religieuse, où le seul trait unificateur semble être l’omniprésence des haines ethniques et nationalistes. L’esprit de conquête de l’empire tsariste s’est efforcé d’y faire régner par la force un ordre (russe) qui semble persister de façon foncièrement consensuelle dans la partie nord, la Ciscausie 'sans histoires', comme dit l’auteur de ce panorama à la fois lumineux et érudit (grâce notamment à un remarquable glossaire).
Il en va autrement dans les deux autres segments du Caucase. La Transcaucasie tout d’abord est ainsi partagée entre trois ex-républiques soviétiques devenues indépendantes et que la Russie tente, pour deux d’entre elles (Géorgie et Azerbaïdjan), de tenir à l’écart de l’Occident: la Géorgie, dont l’ultranationalisme se concilie mal avec la présence de cinq minorités, et le couple Arménie-Azerbaïdjan, qui se dispute avec acharnement le Haut-Karabakh. Le 'Caucase rebelle' (Tchétchénie, Daghestan) ensuite, que la Russie est visiblement disposé à maintenir, à n’importe quel prix, dans le giron de la Fédération. Les attentats du 11 septembre lui ont facilité la tâche, et pourraient même l’aider à faire prévaloir, pour l’évacuation du gaz et du pétrole de la mer Caspienne, l’axe nord-sud qui a évidemment sa préférence.