Les heurts entre hindous et musulmans qui ont ensanglanté le Gujarat au printemps 2002 remettent à l’ordre du jour la question intercommunautaire amplifiée par les mouvements d’insurrection au Cachemire, les tensions entre l’Inde et le Pakistan, le 11 septembre…
Dans cette perspective, le livre que dirige Frédéric Grare, directeur du Centre de sciences humaines, à New Delhi, ne pouvait mieux tomber. Adil Mehdi, enseignant à l’université musulmane de la capitale, souligne avec pertinence que 'la situation des Indiens musulmans est tout à fait différente de celle des pays où les musulmans sont majoritaires', qu’il s’agisse de l’histoire ou de l’époque contemporaine. On ne trouve guère de parti politique ou de leader charismatique. Par ailleurs, les musulmans se fractionnent en groupes non moins hétérogènes que les hindous: sunnites et chiites tenants de différentes écoles, influence du système des castes. Nombre de musulmans se montrent fort critiques des Etats-Unis, mais de manière en général plutôt discrète.
F. Grare développe un de ses thèmes favoris: l’islamisme et la stabilité politique du Pakistan depuis le 11 septembre. Les situations locales varient, comme le montre l’ampleur les manifestations anti-américaines, limitées dans les villes, plus vives dans les zones tribales proches de l’Afghanistan. Les divisions qui séparent les différents partis et mouvements religieux et les courants contradictoires qui animent les milieux militaires à propos de l’Afghanistan et du Cachemire sont mis en relief. Inprit Singh Oberoi, journaliste basée à Srinagar, fait le point sur la situation au Cachemire. On retiendra enfin l’analyse des réactions des musulmans indiens et pakistanais à New York après le 11 septembre, par Aminah Mohammed Arif.