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Solaire et éolien chinois : stratégies et politiques d’internationalisation

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Les fleurons de l’industrie renouvelable chinoise, en proie à la surcapacité et des concurrents qui mènent la course à l’innovation, revoient leurs stratégies de développement. Soutenues par un discours politique qui met en avant les exploits chinois dans les renouvelables, ces «entreprises émergentes stratégiques» changent le paysage énergétique international et le positionnement des acteurs du secteur.

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Parc éolien au sommet de la montagne Jiugong dans la province du Hubei, Chine - Shutterstock/Chuyuss
Parc éolien au sommet de la montagne Jiugong dans la province du Hubei, Chine - Shutterstock/Chuyuss
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Extrait de l'article en version papier publié dans la revue Monde Chinois, n° 46, Comprendre l'Asie - Mélanges (II)

" En une décennie, la Chine est devenue l’un des moteurs du développement des énergies re­nouvelables à travers le monde via des investissements majeurs dans le secteur. En 2015, la Chine réalisait un record en matière de capacités installées dans le solaire photovoltaïque et l’éolien : un déploiement qui s’inscrit dans une politique environnementale ambitieuse que la Chine affiche avec fierté. Même si la contribution des énergies renouvelables à son mix électrique reste mar­ginale, les capacités installées sur son territoire commencent à changer le paysage énergétique international et le positionnement des acteurs du secteur.

Ce sont des résultats qui tranchent avec la position du pays lors de la Conférence des Parties pour le Climat de Copenhague en 2009, opposé à toutes concessions qui auraient pu aboutir à un accord contraignant, et pour le moins insensible à la pression internationale. Pourtant la COP21, qui a eu lieu en décembre 2015 à Paris, a accueilli une Chine ouverte au débat, prête à endosser un rôle de leader en matière de politique climatique. Ce positionnement résulte notamment d’une adaptation indispensable du gouvernement face à des enjeux environnementaux locaux qui en­gendrent de nombreux mouvements populaires, mais aussi d’une stratégie économique orientée vers les industries d’avenir.

La diplomatie climatique de la Chine peut être analysée parallèlement à l’évolution de son in­dustrie solaire et éolienne. Celle-ci connaît en effet depuis plusieurs années une nouvelle phase d’expansion. Nous verrons quelles sont les spécificités des politiques d’internationalisation de l’industrie renouvelable chinoise, et de quelle manière celle-ci motive et participe à la nouvelle politique climatique du pays.

1. Naissance d’une industrie de rang international

Depuis l’adoption de la loi sur les énergies renouvelables de 2005 (révisée en 2009), les indus­tries du solaire et de l’éolien disposent d’un cadre légal et règlementaire extrêmement favorable à leur développement, sur le territoire national comme à l’étranger : tarifs de rachat garantis, quotas par provinces, subventions aux manufactures, lignes de crédit avantageuses…

Le soutien gouvernemental a permis à l’industrie chinoise photovoltaïque de briser la concur­rence internationale : elle s’est concentrée sur l’intensification de sa production dans les techno­logies standards (premières générations de cellules photovoltaïques en silicium) parvenant très vite à une production mécanisée de masse. Au début des années 2000 seuls des producteurs euro­péens et nord-américains dominaient le marché, dix ans plus tard la Chine produisait la moitié des panneaux solaires du monde pour un prix inférieur à celui de ses concurrents.

L’éolien s’est quant à lui développé rapidement au sein du marché domestique, faisant de la Chine le premier consommateur de turbines du monde en 2010. Alors que l’industrie solaire s’est très vite tournée vers l’export dont elle est dépendante à 90%, l’industrie éolienne s’est d’abord majoritai­rement développée localement en raison de qualité des composants chinois et d’un marché plus mature à l’étranger. Rien que sur l’année 2015, la Chine a installé 32GW de capacité éolienne sur son territoire, et représente désormais à elle seule le tiers de la capacité mondiale installée.

Un tour de force similaire dans le solaire, qui permet au pays d’être à l’origine de 40% des augmentations de capacité dans les renouvelables sur cette seule année. Pékin espère ainsi atteindre 20% de renouvelables dans son mix énergétique d’ici 2030 alors que la consommation d’énergie de la Chine était composée à 9% d’énergie renouvelable en 2015. Les objectifs en matière de développement des capacités renouvelables ne cessent d’être revus à la hausse afin de répondre à la demande d’électricité tout en limitant les émissions de gaz à effet de serre: désormais la Chine souhaite atteindre une capacité de 200GW d’éolien et 100GW de solaire d’ici 2020, un pari pour le moins ambitieux.

La Chine mène ainsi les investissements au niveau mondial, représentant le tiers des 329 milliards de dollars d’investis dans les énergies renouvelables en 2015. C’est d’ailleurs l’un des rares pays à avoir augmenté ses investissements à l’étranger durant la crise de 2008. Des initiatives chinoises comme la Banque Asiatique d’Investissement pour les Infrastructures (AIIB), dont le mandat est de soutenir des projets d’infrastructures et de promouvoir le développement durable, renforcent cette tendance. 

L’émergence fulgurante des industries renouvelables chinoises soutenues par d’importants investissements n’a pas été sans accrocs : surcapacité et chute des prix ont certes éliminé certains concurrents mais le secteur chinois n’a pas été épargné par les faillites. Pour survivre à ce phénomène les entreprises adaptent désormais leurs stratégies de production et d’internationalisation.


2. Motivations derrière les stratégies d’internationalisation

Cette volonté d’internationalisation a connu différentes étapes qui sont perceptibles au travers des politiques d’encouragement et leur formulation par le gouvernement. L’entrée des énergéticiens chinois sur le marché mondial s’est d’abord faite par le biais des entreprises d’hydrocarbures, dont la course à l’acquisition de ressources était en partie motivée par l’amélioration de la sécurité énergétique du pays. Dès le début des années 2000, la « go out policy » encourage les entreprises d’Etat à acquérir des actifs ainsi que du capital à l’étranger. Les acquisitions, ou tentatives d’acquisitions, des géants chinois d’hydrocarbures comme CNOOC, Sinopec ou PetroChina (CNPC) ont d’ailleurs fait grand bruit sur la scène internationale, provoquant une vague d’inquiétude entre le milieu des années 2000 et le début des années 2010. Les autres secteurs industriels chinois ont, durant cette période, essentiellement axé leur stratégie internationale sur la production en masse de produits à faible valeur ajoutée ou standards, leur permettant de conquérir de larges parts de marché – une technique qui a notamment permis à la filière photovoltaïque chinoise de s’imposer rapidement au niveau mondial.

Une multitude de facteurs poussent les fleurons de l’industrie renouvelable chinoise à s’internationaliser. La stratégie de l’industrie photovoltaïque chinoise a notamment évolué en fonction de paramètres externes comme les mesures anti-dumping imposées par un certain nombre de pays, qui instaurent des clauses de « contenu local ». Celles-ci ont incité les entreprises chinoises à investir directement dans la production sur certains de ses marchés importants tels que le Canada, l’Inde ou le Brésil, afin de contourner les restrictions. De même, les taxes d’importation imposées par les USA sur les cellules solaires chinoises (de 35% à 200%) ont conduit la Chine à déplacer une partie de sa production dans des zones non couvertes par cette juridiction, comme la Thaïlande et Taïwan.


Pourtant il est possible d’identifier trois facteurs majeurs qui font évoluer la stratégie de ces entreprises : la surcapacité, le besoin d’acquérir de nouvelles technologies et la nécessité de stimuler l’innovation de produits (et non plus seulement de procédés) au niveau national.


a. Surcapacité et création de nouveaux débouchés

Eolien et photovoltaïque chinois ont des bases de marché très différentes : le premier possède une forte attache domestique alors que le solaire chinois s’est d’abord tourné vers l’export. Pourtant c’est bien le même phénomène qui pousse ces deux industries à se réinventer. Le sursaut d’investissement des firmes chinoises concomitant à un développement important des énergies renouvelables dans le reste du monde a créé un phénomène de surcapacité et poussé les prix à la baisse. Le marché domestique de l’éolien..."

 

Pour lire la suite de l'article: Monde Chinois n°46, Comprendre l'Asie - Mélanges (II)

 

 

 

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Gabrielle DESARNAUD

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Ancien Chercheur au Centre Energie de l'Ifri

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L’Asie est le théâtre d’enjeux multiples, économiques, politiques et de sécurité. Le Centre Asie de l'Ifri vise à éclairer ces réalités et aider à la prise de décision par des recherches approfondies et le développement d’une plateforme de dialogue permanent autour de ces enjeux.

Le Centre Asie structure sa recherche autour de deux grands axes : les relations des grandes puissances asiatiques avec le reste du monde et les dynamiques internes des économies et sociétés asiatiques. Les activités du Centre se concentrent sur la Chine, le Japon, l'Inde, Taïwan et l'Indo-Pacifique, mais couvrent également l'Asie du Sud-Est, la péninsule coréenne et l'Océanie.

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Il organise à Paris tables-rondes fermées, séminaires d’experts, ainsi que divers événements publics, dont sa Conférence annuelle, avec la participation d’experts d’Asie, d’Europe ou des Etats-Unis. Les travaux des chercheurs du Centre et de leurs partenaires étrangers sont notamment publiés dans la collection électronique Asie.Visions.

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