L’Arabie saoudite face à la compétition sino-américaine. La tentation du pivot de Mohammed bin Salman
La visite du président chinois Xi Jinping à Riyad le 9 décembre 2022 a fait l’objet d’une couverture médiatique sans précédent. Ce second voyage depuis le début de la pandémie du Covid-19 a été l’occasion pour le leader chinois de se présenter comme un « partenaire naturel » de l’Arabie Saoudite et de ses voisins du Golfe. Pleine d’emphase, la rencontre a aussi et surtout contrasté avec la visite quelques mois plus tôt à Riyad du président américain Joe Biden.
La visite de Joe Biden avait alors été marquée par un climat de défiance se traduisant peu de temps après par la réduction de la production d’hydrocarbures saoudiens, en opposition ouverte avec les demandes affichées par le locataire de la Maison Blanche.
Hormis les grandes déclarations sur le rapprochement sino-saoudien, le voyage de Xi en décembre dernier n’a donné lieu qu’à de modestes avancées dans la coopération bilatérale. Une douzaine d’accords ont été signés et Pékin a salué la participation formelle de l’Arabie Saoudite à son « initiative de sécurité globale » mais tout cela relève de la déclaration d’intention plutôt que de la mise en pratique d’une politique précise.
Cette séquence diplomatique offre donc un aperçu éclairant des enjeux et des limites du rapprochement sino-saoudien : si celui-ci s’inscrit pour Riyad dans une logique de diversification vis-à-vis de son partenariat américain, il est encore loin de s’y substituer. Partant de ce constat, cette note revient sur le récent rapprochement entre l'Arabie Saoudite et la Chine en rappelant son contexte historique puis l'impulsion spécifique donnée par Mohammed bin Salman (MBS) depuis son ascension à Riyad après 2015. Enfin, nous soulignons les limites de cet engouement saoudien pour le régime chinois en évoquant plusieurs dossiers de politique étrangère sur lesquels d'importantes divergences subsistent.
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