2014 : une année pour refonder une politique européenne de l'énergie
A cause des élections au Parlement et des nominations qui suivront, beaucoup pensent que 2014 ne sera pour la politique européenne de l’énergie qu’une année d’interrègne sans grand contenu.
Une telle vision est dangereuse.
Au moment où beaucoup des acteurs sérieux du monde de l’énergie aboutissent à la conclusion que la politique de l’énergie des dernières années a été dans l’ensemble un échec au niveau de l’Union comme dans de nombreux pays-membres, il faut se préparer à concevoir une plate-forme nouvelle tenant compte du traité de Lisbonne, des réalités mondiales et des choix effectués par les différents Etats-membres.
Cette plate-forme doit pouvoir être présentée en fin 2014, si l’on veut éviter que la nouvelle commission se contente de chausser les bottes à peine modifiées de la précédente et réussisse à se faire bénir par un Conseil des Chefs d’Etat et de gouvernement mal à l’aise sur un tel sujet.
Cet éditorial ne peut avoir pour but d’esquisser une telle plate-forme, mais il peut mentionner quelques sujets qu’il conviendra de prendre en compte.
1. Affirmer l’importance de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, tout en veillant à coordonner les efforts européens avec ceux de reste du monde et à maintenir la compétitivité de l’industrie européenne.
2. Maintenir les efforts pour économiser l’énergie tout en veillant à ce que les dépenses engagées soient inférieures à la valeur de l’énergie économisée et des gaz de serre non émis.
Plus généralement, rappeler le rôle dans les choix des comparaisons coûts-avantages convenablement calculées sur des horizons significatifs.
3. Vérifier l’harmonisation des subventions nationales aux différentes sources d’énergie et, si ces subventions engendrent des distorsions de marché, autoriser les pays importateurs à prendre des mesures conservatoires.
4. Considérer que le coût du développement des énergies intermittentes doit comprendre le coût d’intégration dans les réseaux et de création de capacités (de production ou du transport) permettant de faire face à l’interruption de leurs fournitures.
5. Etablir un principe de solidarité entre les pays de l’Union à l’égard des grands fournisseurs extérieurs de produits énergétiques.
Un réexamen général des directives européennes des dix dernières années semble nécessaire car certains textes sont probablement périmés.
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