Augmentation du nombre d’actes d’extrême droite et xénophobes en Allemagne – un nouveau Rostock-Lichtenhagen ?
Le nombre d’attaques racistes dirigées contre des centres d’accueil pour demandeurs d’asile a fortement augmenté ces derniers mois en Allemagne. Selon le gouvernement fédéral, 67 infractions motivées par des idées d’extrême droite ont été enregistrées à l’échelle fédérale au dernier trimestre 2014 – soit plus que pour l’ensemble de l’année 2013.
Des situations de départ comparables : années 1990-2015 ?
Le nombre d’attaques racistes dirigées contre des centres d’accueil pour demandeurs d’asile a fortement augmenté ces derniers mois en Allemagne. Selon le gouvernement fédéral, 67 infractions motivées par des idées d’extrême droite ont été enregistrées à l’échelle fédérale au dernier trimestre 2014 – soit plus que pour l’ensemble de l’année 2013. Les attaques étaient menées contre des centres d’hébergement pour réfugiés ou leurs habitants, comme en témoigne notamment la réponse apportée par le ministère fédéral de l’Intérieur à la requête du groupe parlementaire de la Linke. Ces dernières allaient de l’incitation à la haine raciale à des attaques armées ou à des incendies criminels.
Les observateurs ont noté très tôt et avec inquiétude la ressemblance existant entre le climat sociopolitique actuel et celui des années 1990. Est-ce que l’Allemagne, qui se considère maintenant comme un pays d’immigration (Einwanderungsland) ouvert, doit craindre un deuxième Rostock-Lichtenhagen ?
Dans les faits, l’Allemagne réunifiée s’est retrouvée confrontée au début des années 1990 à une forte hausse des demandes d’asile : le nombre de demandeurs a atteint des sommets en 1992 avec 440 000 demandeurs et a ainsi mis l’Allemagne dans une position difficile. En raison de la chute du « rideau de fer » et en particulier de la situation en ex-Yougoslavie, les chiffres ont grimpé au moment même où les problèmes économiques et sociaux liés à la réunification ont gagné en visibilité et ont déclenché des frustrations au sein de la société allemande. Ce climat a été favorisé pour une part non négligeable par la connotation négative donnée aux politiques à l’égard des étrangers et de l’asile lorsqu’elles étaient abordées dans le discours politique dans ces années-là. Dans ce contexte, on peut également noter que les concepts de fraude en matière d’asile (Asylbetrug) et de demandeur d’asile économique (Wirtschaftsflüchtling) avaient déjà conduit à des débats qui avaient déchaîné les passions dans les années 1980 au sein de la CDU et de la CSU. Pour ces raisons, il est donc peu étonnant que le Parti national-démocrate d’Allemagne (Nationaldemokratische Partei Deutschlands, NPD), le parti d’extrême droite Die Republikaner et l’Union populaire allemande (Deutsche Volksunion, DVU) aient connu des succès électoraux importants à l’époque et aient eu ensuite des difficultés dans les années qui suivirent à se maintenir dans le système des partis politiques allemand qui ne laissait aucune place à droite de la CSU.
L’atmosphère xénophobe s’est encore renforcée à l’été 1991 lorsque des exactions ont été menées à Hoyerswerda, en Saxe, contre un foyer pour travailleurs contractuels et un foyer pour réfugiés, prélude à une série d’actes similaires, principalement en Allemagne de l’Est dont le cas le plus connu fut l’attaque de plusieurs jours menée contre une tour habitée par des Vietnamiens à Rostock-Lichtenhagen.
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