La contribution japonaise en Afghanistan
L'opinion exprimée dans ce texte n'engage que son auteur. [1]
Neuf ans après la chute du régime taliban, l'Afghanistan continue de faire face à de grands défis pour assurer sa stabilisation et son développement. De son côté, le Japon a réfléchi ces dernières années à la meilleure manière d'apporter son soutien à ce pays, notamment suite à l'envoi de ses Forces d'auto-défense pour une mission de ravitaillement des navires alliés dans l'océan indien.
Nous savons aujourd'hui qu'il est absolument nécessaire de chercher une résolution politique et non plus seulement militaire au conflit afghan. Le Japon s'est ainsi engagé l'année dernière à fournir une aide de 5 milliards de dollars maximum en 5 ans dans trois domaines prioritaires : le soutien à l'initiative afghane de réintégration des ex-combattants, le renforcement des forces afghanes de sécurité et l'aide au développement économique et social.
La réintégration des ex-combattants
L'évolution la plus remarquable de ces dernières années consiste en la formation d'un consensus sur la nécessité de " réintégrer " les ex-combattants afghans. S'il n'a pas été facile de se mettre d'accord entre Afghans et avec les pays partenaires sur le détail des modalités de réconciliation avec les dirigeants des groupes insurgés, les discussions ont finalement conduit à la mise en place d'un programme de " réintégration " des combattants qui acceptent de cesser leurs activités rebelles, de rompre leurs liens avec les groupes terroristes et de respecter la constitution afghane. Le Japon soutient activement cette initiative, il a octroyé une aide de 50 millions de dollars pour financer ce programme en été 2010.
Le renforcement des forces de sécurité afghanes
Le Japon n'est pas présent militairement en Afghanistan, mais l'un de ses objectifs principaux est le renforcement de la sécurité afghane. Le gouvernement japonais a contribué au renforcement des capacités institutionnelles des forces de sécurité en finançant une partie des revenus de la police nationale. Sa contribution correspond cette année à la somme totale des salaires des policiers afghans sur une période de six mois. En outre, le Japon se prépare actuellement à apporter son assistance à l'entrainement de policiers afghans en Turquie. Enfin, Tokyo envisage aujourd'hui de construire un centre d'entraînement pour les policiers afghans à Chagcharan, dont les frais de construction seraient couverts par le gouvernement japonais, les frais d'entretien par l'Union Européenne et l'envoi de formateurs assuré par Europole.
Le développement économique et social
Le Japon est un des principaux pays donateur en Afghanistan. S'il souhaite poursuivre et développer ses efforts pour le développement économique et social du pays, le problème qui se pose aujourd'hui est la sécurité du personnel japonais sur place. Un exemple qui m'a personnellement marqué illustre cette réalité : un Japonais membre d'une ONG travaillant dans la province de Nangahar a été tué le 26 août 2008, jour de mon arrivée à Kaboul. Le Japon a donc réfléchi à la meilleure manière de garantir la sécurité de son personnel en Afghanistan. Il a décidé pour la première fois de participer à une mission sur le terrain en collaboration avec l'Equipe Provinciale de Reconstruction (en anglais Provincial Reconstruction Team ou PRT). Depuis le printemps 2009, le gouvernement japonais a ainsi envoyé quatre chargés de mission à Chagcharan, la capitale de la province de Ghor située au Centre-Ouest de l'Afghanistan en coopération avec la PRT, dirigé par la Lituanie. De cette manière, les équipes japonaises sont protégées par la PRT pendant leur mission sur place dont l'objectif est l'élaboration et la mise en place de projets de développement économiques et sociaux. Cette mission est réalisée non seulement en étroite collaboration avec la Lituanie, mais également avec d'autres pays donateurs et le peuple afghan.
Les problèmes de l'Afghanistan sont très sérieux. Il est nécessaire de déployer des efforts considérables pour espérer obtenir rapidement des résultats satisfaisants, puisqu'il s'agit avant tout de transformer la gouvernance d'un pays qui a connu trente années de conflits.
En outre, la question afghane s'inscrit dans une complexité régionale et mondiale liée au contexte géopolitique. La résolution des problèmes de l'Afghanistan par le gouvernement afghan et les pays qui le soutiennent constitue un des grands défis de la politique internationale du début du 21ème siècle. Quant au Japon, comme l'illustrent les exemples mentionnés ci-dessus, il s'est engagé à participer à l'effort collectif de reconstruction et de développement de l'Afghanistan. Malgré la difficulté de sa mission, le gouvernement japonais cherche à apporter des solutions pertinentes aux difficultés que l'Afghanistan affronte tout en s'adaptant aux conditions extrêmes sur le terrain.
[1] En poste en Afghanistan ces deux dernières années, Fumio Shimizu a pris les fonctions de directeur du Service Culturel et d'Information à l'Ambassade du Japon en France fin septembre 2010.
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