L'Agence Europe - un observateur permanent de la construction européenne depuis ses origines
Compte-rendu réalisé par Louis Denisty, stagiaire, Ifri Bruxelles.
Ferdinando Riccardi, Editeur responsable et éditorialiste du Bulletin Quotidien de l’Agence Europe, et Olivier Jehin, Rédacteur en chef, ont présenté cette institution de l’information européenne, surnommée la « Vieille Dame ». En effet, l’Agence Europe a accompagné tout le processus de construction européenne dans la mesure où elle a été créée en 1952 et qu’elle publie le Bulletin Quotidien Europe depuis 1953.
Création de l’Agence Europe
Ferdinando Riccardi a dans un premier temps expliqué que l’objectif de l’Agence Europe, au moment de sa création, était de rendre disponible une information européenne, délestée des logiques nationales et permettant à l’information de suivre le processus politique. Elle offrait ainsi un point de vue européen sur l’Europe. Tout comme sur le plan politique, l’Agence Europe s’est façonnée par la rencontre d’habitudes et de pratiques journalistiques diverses. On peut penser aux différences entre des journalistes italiens qui découvraient la liberté de la presse et des journalistes français coutumiers des grand-messes que constituaient les conférences de presse du Général de Gaulle. Ainsi, à chaque élargissement l’arrivée de nouveaux journalistes enrichissait encore les pratiques de l’Agence Europe. Les Britanniques ont transmis une certaine impertinence envers les dirigeants politiques alors que les journalistes des pays du Nord ont apporté leur culture de la transparence.
Evolution et adaptation
L’Agence Europe a été pionnière dans le sens où elle livrait une information européenne. Très peu de journalistes, y compris dans les pays membres des Communautés, s’intéressaient aux affaires européennes. L’orateur se souvenait que lors de la première conférence de presse de l’Agence Europe, seuls sept journalistes étaient présents. Aujourd’hui, plus de 1000 journalistes sont accrédités à Bruxelles, soit plus qu’à New York, pourtant siège des Nations Unies. L’Agence Europe, au fil des plus de cinquante années au cours desquelles elle a accompagné et suivi la construction européenne, a dû s’adapter aux changements, politiques mais aussi dans la communication, l’information et les nouvelles technologies qui y sont liées. Si l’Agence Europe a dans un premier temps été le moyen de savoir tout ce qui se passait au niveau européen, elle traite aujourd’hui de l’essentiel, de ce qui se cache derrière cet afflux massif d’information. Face à cette communication massive, aussi bien de la part des médias que des institutions elles-mêmes, l’Agence Europe cherche à extraire ce qu’il ya de plus significatif.
Les défis contemporains
Olivier Jehin a ensuite présenté les défis principaux auxquels est confrontée l’Agence Europe aujourd’hui. Le premier grand souci, défi constant pour la rédaction, est celui de la traduction. Le Bulletin Quotidien est publié en trois langues (français, anglais, italien) et la publication bihebdomadaire « Europe Diplomatie et Défense » en français et anglais.
Par ailleurs, l’orateur a souligné les défis liés au changement de l’environnement dans lequel l’Agence Europe évolue, avec le foisonnement des sources de communication. Beaucoup de monde parle désormais de l’Europe, les supports médiatiques se multiplient et les institutions, notamment la Commission européenne, livrent une quantité colossale de documents et d’informations au public. Ainsi, à l’exact opposé de sa mission initiale, l’Agence Europe procède aujourd’hui à un travail d’épuration des communications de la Commission. De plus, l’Agence Europe doit gérer le défi de la multiplication des sujets. Les affaires européennes concernent désormais une quantité de thèmes très élevée qui engendre la nécessité de disposer de personnes spécialisées sur un nombre de domaines grandissant. Une augmentation des effectifs à court terme est ainsi envisagée, tout en restant compatible avec les méthodes de travail de l’Agence, composée d’une petite équipe.
Pour Olivier Jehin, le défi le plus important reste malgré tout celui, quotidien, de la recherche permanente de la qualité, de la précision et de la rigueur.
En conclusion, Olivier Jehin a rappelé que l’Agence Europe est une Vieille Dame certes, mais pleine de tonus et de vitalité.
Suite à cette présentation, le débat s’est ouvert avec les personnes assistant à l’intervention. Les questions ont porté sur le développement de la concurrence à l’Agence Europe, les évolutions technologiques de l’information, l’impact de l’élargissement aux pays de l’Est sur le travail de l’Agence, sa perception par les dirigeants européens, les sources qu’elle utilise et ses liens.
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