Le Liban ou les dérives du processus de paix
En ce printemps 1996, la 'colère' d'Israël s'est abattue de nouveau sur le Liban. Le coût humain de l'opération 'Les Raisins de la colère' a démontré par la négative que le volet israëlo-libanais ne peut être traité comme un élément résiduel d'un réglement au Proche-Orient.
Si le Liban en tant qu'acteur étatique est encore difficilement en mesure de faire valoir ses droits et ses intérêts, les sursauts de violence en provenance de son territoire et les ripostes dévastatrices qu'ils attirent, contraignent les parties à se rendre à l'évidence: le réglement du conflit israëlo-arabe, s'il doit produire un ordre géopolitique régional stable, ne peut omettre de faire une place au Liban, à sa société, à son économie.
Le temps n'est plus, dit-on depuis le début du processus de paix, aux jeux d'évaluation des gagnants et des perdants. L'objectif devrait être désormais de parvenir à des solutions où toutes les parties sortent gagnantes. A la lumière des enseignements de cette crise, il s'agit de remettre en perspective la place du Liban dans l'équation régionale.
A propos des auteurs :
Hussein Agha est un spécialiste du Moyen-Orient, ancien chercheur associé du Royal Institute of International Affairs.
Ahmad Beydoun est professeur de sociologie à l'Institut des sciences sociales de l’Université libanaise.
Marwan Bishara est rédacteur en chef de la lettre d'information Issues: Perspectives on Middle East and World Affairs.
May Chartouni-Dubarry est chargée de recherche à l'Ifri et professeur associée à l'Ecole militaire de Saint-Cyr.
Marwan Ghandour est président directeur général de Lebanon Invest. Il a été vice-président de la Banque centrale du Liban.
Mark Heller est professeur au Jaffe Centre for Strategic Studies de l'université de Tel-Aviv.
Bassma Kodmani-Darwish est maître de recherche à l'Ifri et maître de conférences à l'université de Marne-la-Vallée.
Abdel Moneim Said Aly est directeur du Al Ahram Centre for Political and Strategic Studies du Caire.
Richard W. Murphy est maître de recherche au Council on Foreign Relations (New York), spécialiste du Moyen-Orient, il a été ambassadeur des Etats-Unis en Syrie et en Arabie Saoudite et secrétaire d'Etat adjoint pour le Proche-Orient et l'Asie du Sud de 1983 à 1989.
Anthony Parsons, ancien diplomate, a été en poste à Bagdad, Ankara, Amman, Khartoum. Il fut ambassadeur du Royaume-Uni à Téhéran (1974-1979), représentant permanent aux Nations unies (1979-1982) et conseiller du premier ministre pour les Affaires étrangères (1982-1983).
Volker Perthes est chercheur à la Stiftung Wissenschaft und Politik (Ebenhausen, Allemagne).
Augustus Richard Norton est professeur à l’Université de Boston, département des relations internationales.
Paul Salem est maître de conférences en science politique à l’Université américaine de Beyrouth et directeur du Lebanese Centre for Policy Studies.
Yezid Sayigh est sous-directeur du Centre of International Studies de l'université de Cambridge.
Patrick Seale est un spécialsite britannique du Moyen-Orient.
Giles Trendle est un ancien correspondant free-lance au Liban et spécialiste du Hezbollah
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Dès la fin de la guerre d’Algérie, la France a systématiquement repris contact avec les pays arabes qui avaient rompu les relations diplomatiques au moment de la malheureuse expédition de Suez de 1956. Ainsi se sont renouées ou nouées des relations actives et souvent confiantes, y compris avec des pays où elle était absente, comme les émirats du Golfe. Le président Chirac a voulu formaliser et conforter cette orientation lorsque le 6 mars 1996, à l’université du Caire, il a évoqué la « politique arabe et méditerranéenne » de la France. Par-delà quelques principes communs, il s’agissait naturellement d’une politique à géométrie variable selon les pays, avec la volonté d’être présent dans cet ensemble de pays qui sont nos voisins proches, situés dans une zone stratégique et dont d’importantes communautés vivent en France. Très tôt attachée à contribuer à la paix entre Israël et les pays arabes, la France prône une politique équilibrée entre le maintien de la sécurité d’Israël et le soutien du processus de paix israélo-palestinien qui donnerait le droit à l’autodétermination des Palestiniens et à la création d’un État. À cet égard, l’année 2007 représente une rupture due à l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy qui sur ce plan, comme sur d’autres, a pris le contre-pied de son prédécesseur. Depuis lors, la politique de la France dans cette région n’a plus la même priorité, réagit plus qu’elle n’agit et semble flotter entre une volonté de maintenir ses liens avec les pays arabes et une certaine complaisance à l’égard d’Israël.