Les politiques agricoles sont-elles condamnées par la mondialisation ?
Le mouvement général donnant plus de place au marché, que ce soit dans le fonctionnement des économies ou dans les échanges internationaux, la notion même de politique économique est remise en cause. Cela est particulièrement vrai pour l’agriculture où un important courant refuse de voir les biens agricoles et alimentaires traités à l’égal des marchandises répondant simplement à la loi de l’offre et de la demande. Pour les tenants de cette position, la fonction nourricière de l’agriculture, son rôle dans l’environnement et ses particularités justifient un autre traitement. D’où cette question centrale : faut-il encore des politiques agricoles dans un monde où triomphe la dérégulation ?
Dans un contexte mondial où, à brève et moyenne échéance, l’équilibre global est plus ou moins assuré, la montée en puissance des grands pays émergents comme la Chine, le Brésil mais aussi l’Inde, change les perspectives mondiales en termes de courants d’échange, d’offre et de demande –une analyse plus fine des positions de ces nouveaux acteurs et de leur possible évolution devient nécessaire.
Mais, à court terme, la libéralisation des échanges a des effets importants. Pour les apprécier, on se réfère souvent aux résultats de simulations. Or que valent les modèles servant de base à ces simulations? C’est en ayant à l’esprit les limites de ces outils que l’on peut évaluer les conséquences sur les pays. Enfin, le changement des règles a des répercussions internes tant sur les modalités de soutien à l’agriculture, avec le découplage des aides, que sur les consommateurs, de plus en plus confrontés à des produits dépourvus de tout repère, sinon suspects.
Pierre Rainelli, directeur de recherche en économie à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), a mené de nombreux travaux d’économie régionale et d’économie de l’environnement avant de s’intéresser aux questions de libéralisation des échanges.
Pierre Lepetit, directeur exécutif de l’Ifri et auteur de la conclusion de cet ouvrage, s’intéresse depuis 25 ans aux questions relatives à la régulation des marchés. Il a suivi de près la négociation agricole du cycle d’Uruguay au début des années 1990.
Cet ouvrage rassemble les contributions de spécialistes internationaux des questions agricoles : Claude Aubert, Jean-Pierre Bertrand, Xavier Beulin, Jean-Christophe Bureau, Xinshen Diao, Alexandre Gohin, Estelle Gozlan, Hervé Guyomard, Sébastien Jean, Bernard Lehmann, Ma Xiaohe, Alan Matthews, Terry Roe, Anil Sharma et Agapi Somwaru.
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