Le Kremlin cible les réseaux sociaux
Trois mois après la réélection de Vladimir Poutine à la tête de l’Etat russe, le Kremlin multiplie les pressions sur les manifestations de protestation. Mercredi 6 juin, lors d'une manifestation "Occupy Khimki" aux portes de Moscou, 6 militants ont été arrêtés dont Evguenia Chirikova, leader du mouvement.
Le Kremlin a aussi récemment pris pour cible des sites internet « étrangers », accusés de fomenter les manifestations contre le pouvoir. Les mots du conseiller à la sécurité du Président russe, Nikolaï Patrouchev, sont très clairs. « Profitant de la liberté d’internet dans notre pays, les sites étrangers propagent des rumeurs politiques et appellent à des manifestations non autorisées ». Et il ajoute : « la blogosphère russe est également sujette à des influences extérieures qui visent à créer et à entretenir des tensions constantes au sein de la société ».
Pourquoi cette attaque en règle contre internet, maintenant ?
L’analyse d’un spécialiste du sujet, Julien Nocetti, chercheur associé à l’Ifri (Institut français des relations internationales).
France-Russie : "Dans la continuité plus que la rupture"
Vladimir Poutine a rencontré pour la première fois François Hollande vendredi soir. Pour leJDD.fr, Thomas Gomart, directeur du centre Russie-NEI de l'Institut français des relations internationales (Ifri), décrypte la nouvelle relation franco-russe, dont le premier dossier est la crise syrienne.
Les Européens, la France en particulier, peuvent-ils influer sur la position de Vladimir Poutine dans le dossier syrien?
- Le principe même de la diplomatie est toujours d'influer son partenaire. La discussion sur le dossier syrien est très compliquée. Pour les Russes, il y a deux aspects diplomatiques qui bloquent : le risque de crise iranienne qu'engendrerait la chute de Bachar el-Assad et la relation russo-israélienne (une partie considérable de la population israélienne est originaire de Russie, Ndlr). Au sein de la communauté internationale, Vladimir Poutine veut exploiter sa position centrale et incontournable.
Syrie : la Russie a-t-elle vraiment la clé de la sortie de secours ?
La Syrie est l'un des plats principaux du dîner entre François Hollande et Vladimir Poutine. Pensez-vous que le président français puisse infléchir le soutien sans faille du président russe à Bachar al-Assad ?
- Faire changer d'avis Poutine est assez illusoire, compte-tenu du personnage et de la continuité remarquable de la position russe sur le dossier syrien. Je le vois mal changer.
Hollande's top priorities
The new French President Francois Hollande seems to have assumed the dynamism of his predecessor Nicolas Sarkozy. Immediately after the inauguration, he appointed Jean-Marc Ayrault, Socialist Party faction leader in the National Assembly (the lower chamber of the French parliament), as prime minister. On the first day in the office of head of state, Hollande paid a visit to Berlin. Even the lighting that struck the president’s airplane could not foil the first meeting with the German chancellor. Hollande got back to Paris and flew to Germany on another plane. For this reason, the meeting of the “Merkollande” duo, as the two leaders have already been dubbed, was held 80 minutes later than planned.
"Le mouvement de contestation a fissuré le système Poutine"
Interview. Vladimir Poutine, réélu en mars, est investi à la présidence ce lundi, pour la troisième fois. Mais la donne a changé depuis son précédent mandat, souligne Thomas Gomart, chercheur à l'Ifri.
Après Poutine I et II, Poutine III. Elu au premier tour le 4 mars lors d'un scrutin contesté mais avec plus de 63 % des suffrages, l'homme fort de Russie réintègre son fauteuil de président ce lundi. Ces quatre dernières années, il l'avait laissé à Dmitri Medvedev faute de pouvoir enchaîner selon la Constitution plus de deux mandats consécutifs. Après deux premiers mandats de quatre ans entre 2000 et 2008, Poutine entame cette fois un mandat de 6 ans.
Poutine-Assad, l'axe d'avant
Les liens tissés depuis plus de quarante ans entre Moscou et Damas ont permis jusqu’ici au régime syrien d’échapper à une intervention militaire extérieure sous mandat des Nations Unies. Moscou n’a jamais ouvertement remis en cause le partenariat stratégique noué avec Damas dès 1970. Certains plaçaient leurs espoirs dans l’après-élection présidentielle russe. Réélu, Vladimir Poutine serait plus regardant sur les atrocités commises par l’armée syrienne. C’était mal le connaître.
Syrie: un infléchissement de Moscou?
La position de Moscou sur la Syrie est-elle en train de s'infléchir? Dimanche à Moscou, Dmitri Medvedev a approuvé la mission de Kofi Annan, l'émissaire de l'Onu et de la Ligue arabe en Syrie. La semaine dernière, le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a laissé entendre que "personne n'invitera le président Bachar Al-Assad [à venir se réfugier en Russie]", tout en critiquant les "nombreuses erreurs" des dirigeants syriens, qui auraient réagi "de façon inappropriée aux manifestations pacifiques".
Syrie: pourquoi ce soutien jusqu'au-boutiste de la Russie?
Lundi 12 mars, la Russie, par l'intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères, a renouvelé son appel à la fin des violences en Syrie "d'où qu'elles viennent". Sergueï Lavrov a, par ailleurs, assuré de son soutien la mission de l'envoyé de l'ONU et de la Ligue arabe en Syrie, Kofi Annan, qui se trouvait à Damas samedi dernier. Le même jour, Russes et Arabes avaient cosigné une déclaration en cinq points : "mettre un terme à la violence en Syrie indépendamment de son origine", créer un mécanisme de contrôle d'une possible transition, organiser l'acheminement de l'aide humanitaire, soutenir la mission de Kofi Annan. Dernier élément: rappel du principe de "non-ingérence" dans les affaires syriennes.
"La situation de l'UE entraîne une inversion des relations avec la Russie"
Après la victoire controversée de Vladimir Poutine et les discrètes félicitations de certains dirigeants européens, Thomas Gomart, spécialiste de la Russie à l’IFRI, analyse les futurs rapports entre l’UE et la Fédération.
Catherine Ashton, la Haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères, a soigneusement choisi ses mots pour réagir à la victoire de Vladimir Poutine, tandis que José Manuel Barroso et Herman Von Rompuy sont tous deux restés silencieux. Pensez-vous que le retour de M. Poutine va modifier les relations entre l’Union Européenne et la Russie ?
Que va faire désormais l'opposition en Russie ?
Une partie de l’opposition va continuer à appeler à la mobilisation, à l’instar d’un des meneurs, Sergueï Oudaltsov, qui a déjà fait un mois de prison, une grève de la faim et se montre donc déterminé à radicaliser le mouvement. Mais, au-delà de ces opposants professionnels, il y a du découragement. Après les législatives du 4 décembre, les gens ont eu le sentiment d’avoir été lésés, que leurs voix ont été volées. Dans le cas de la présidentielle, personne ne s’attendait à autre chose qu’une victoire de Vladimir Poutine puisque il n’y a pas de réelle alternative.
Soutenez une recherche française indépendante
L'Ifri, fondation reconnue d'utilité publique, s'appuie en grande partie sur des donateurs privés – entreprises et particuliers – pour garantir sa pérennité et son indépendance intellectuelle. Par leur financement, les donateurs contribuent à maintenir la position de l’Institut parmi les principaux think tanks mondiaux. En bénéficiant d’un réseau et d’un savoir-faire reconnus à l’international, les donateurs affinent leur compréhension du risque géopolitique et ses conséquences sur la politique et l’économie mondiales. En 2024, l’Ifri accompagne plus de 70 entreprises et organisations françaises et étrangères.