Homeland : une série de l'ère Obama
Accueillie comme l'une des meilleures séries télévisées du moment, Homeland revient avec une quatrième saison à partir de la semaine prochaine. La série était à l'origine conçue pour rompre avec la politique étrangère trop lisse de l'administration Bush. Mais Homeland est malheureusement en train de devenir le miroir de la politique étrangère du président Obama, elle-même plutôt décevante jusqu'à présent. Que nous apporteront donc les nouveaux épisodes ?
Les séries télévisées sont devenues au cours des décennies un genre à part entière. Depuis les années 2000, elles sont de plus en plus souvent considérées comme des objets culturels de référence.
Thriller psychologique sur fond de CIA et de syndrome de Stockholm, la série Homeland, qui a débuté en 2011, lance sa quatrième saison en octobre 2014. Son succès coïncide avec la mise en oeuvre d’une nouvelle attitude des États-Unis sur la scène internationale, sous l’égide de la présidence Obama. Comment la série interprète-t-elle cette nouvelle politique étrangère ?
Le discours tenu par les auteurs de la série a paru dans un premier temps épouser les idées du président Obama, illustrant notamment le refus des interventions militaires à l’étranger et d’une vision manichéenne de l’islam. Mais le récit s’est transformé en une lecture critique et subversive de l’usage des drones et de la manipulation des individus par les services secrets, condamnant au passage les pratiques de l’administration Obama. Le doute, élément omniprésent dans le récit de la série Homeland, apparaît alors comme un reflet du doute que l’Amérique continue à entretenir sur elle-même aujourd’hui.
Cependant, la portée des reproches esquissés est bien vite atténuée et Homeland retourne au fil des épisodes aux clichés qui confortent les préjugés du spectateur américain : la paranoïa comme moteur exclusif du récit, la figure des méchants redevenue univoque et sans finesse. Le rôle des images dans la série, au départ très intéressante, perd également toute subtilité. Après avoir donné l’impression de se livrer à une critique de l’Amérique de George W. Bush (grâce à Barack Obama), puis à une critique de l’Amérique d’Obama elle-même, la série reste finalement prudente et conventionnelle, parfois conservatrice, aussi bien dans sa forme que dans son propos.
En dernière analyse, la série Homeland peut donc être vue comme l’exact reflet des déceptions suscitées jusqu’à présent par la politique étrangère du président Obama.
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
ISBN / ISSN
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Téléchargez l'analyse complète
Cette page ne contient qu'un résumé de notre travail. Si vous souhaitez avoir accès à toutes les informations de notre recherche sur le sujet, vous pouvez télécharger la version complète au format PDF.
Homeland : une série de l'ère Obama
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesL'élection de Kemi Badenoch au Royaume-Uni. Fin de la "trumpisation" chez les Tories ?
De même que la domination des idées du candidat républicain dans la campagne présidentielle aux États-Unis a conduit à diagnostiquer une « trumpisation de la politique américaine », les observateurs déplorent au Royaume-Uni, depuis l’exercice du pouvoir par Boris Johnson, une tendance à la « trumpisation du parti conservateur ».
Le vote religieux dans les présidentielles américaines 2024
Blandine Chelini-Pont, l’une des meilleurs spécialistes du sujet, nous donne ici son analyse des évolutions de l’électorat religieux pour les élections de novembre 2024.
Le programme économique de Kamala Harris
Depuis qu’elle a reçu la nomination démocrate suite à la décision du président Joe Biden de se retirer de la course présidentielle américaine de 2024, la vice-présidente Kamala Harris s’efforce de définir sa propre plateforme politique pour attirer les électeurs dans le temps limité qui reste avant l’élection du 5 novembre. Étant donné que l’économie est un enjeu central pour les électeurs américains, Harris a élaboré plusieurs propositions dans ce domaine.
Géopolitique de la puissance américaine
Qu’est devenue la puissance américaine ? Si les États-Unis veulent encore diriger le monde, en sont-ils toujours capables ?
Entrés en géopolitique à la fin du XIXème siècle, leaders du monde libre dans l’après-guerre, vainqueurs du communisme dans les années 1990, les États-Unis sont confrontés à une triple contestation en ce premier quart de XXIe siècle : la montée en puissance de la Chine, les frappes du terrorisme islamiste et le retour d’une Russie belliqueuse se conjuguent pour défier Washington.