1949-2019 : les 70 ans de la Chine nouvelle
Aujourd'hui, la Chine entière célèbre le 70e anniversaire de la Chine nouvelle, proclamée par Mao Zedong à Pékin le 1er octobre 1949. Partout dans le pays, parades, feux d'artifice, émissions de télévision et témoignages encensent les progrès enregistrés depuis que le Parti communiste chinois (PCC) a pris les rênes du pouvoir. Quels changements en 70 ans !
Rurale et pauvre en 1949, la Chine est aujourd'hui une puissance industrielle et technologique : un rattrapage qui suscite une fierté légitime alors que sa population a, sur la même période, été multipliée par trois. Sous la houlette du PCC, la Chine a renoué avec la grandeur et la prospérité qui étaient siennes traditionnellement.
Les résultats sont là, indéniables et prometteurs : alors qu'elle ne représentait que 4,5 % de l'économie mondiale en 1949, la Chine est devenue la deuxième économie derrière les États-Unis, avec 16 % du PIB mondial, permettant non seulement un enrichissement de la population mais une montée en gamme remarquable. Depuis son ouverture au monde en 1979, le pays s'est aussi doté d'un système éducatif compétitif ; chercheurs et ingénieurs chinois sont désormais les premiers dépositaires de brevets au monde.
L'ambition de devenir première puissance
Sur le plan international, le bilan est prestigieux ; de l'Afrique à l'Amérique Latine en passant par l'Arctique, la capacité d'influence transformative de la Chine s'exerce sur de multiples terrains, des normes et standards à l'organisation des réseaux d'affaires et aux calculs sécuritaires. À présent, Xi Jinping affirme les ambitions chinoises d'être la première puissance mondiale et se donne les moyens pour y parvenir.
Les implications politiques et géostratégiques de la modernisation économique, sociale et militaire chinoise sont profondes et structurantes pour l'avenir du monde entier. Si certains défis relèvent de la gestion d'une concurrence normale et stimulante, on peut s'inquiéter de prises de risque qui au final, servent exclusivement les intérêts chinois et entraînent de sérieux déséquilibres dans l'espace mondial. Ces prises de risque, susceptibles de mettre en péril les fondements de nos sociétés occidentales, s'expliquent par différents facteurs, notamment le fait que le PCC considère que le politique, l'économique et le militaire ne font qu'un au service de l'appareil d'État, que la société seule compte, sans égard pour l'individu qu'il est légitime de surveiller afin de garantir la prospérité collective ou que la Chine est au centre d'un système d'irradiation symbolique de puissance.
La pérennité du PCC est liée à sa capacité à assurer l'avenir de cette Chine nouvelle. On le voit bien aujourd'hui dans le bras de fer commercial lancé par l'Administration Trump : les compromis à court terme, nécessaires, n'atteignent pas la détermination de Xi Jinping. Qu'on ne s'y trompe donc pas : cette « guerre » fouette plus qu'elle n'affaiblit le nationalisme chinois et sert de propulseur aux réformes. Des réformes qui n'ont pas pour objectif de s'aligner sur les normes occidentales et de se démocratiser mais à l'inverse de « renforcer le socialisme aux caractéristiques chinoises ». Et c'est bien aujourd'hui l'enjeu à Hong Kong.
C'est le capitalisme autoritaire qui est célébré aujourd'hui à travers la Chine ; un modèle de développement qui renforce le PCC et prétend s'opposer à nos errements démocratiques. On peut à la fois se réjouir des progrès chinois et s'inquiéter pour notre avenir.
Sophie Boisseau du Rocher, de l'Institut français des relations internationales, a écrit avec Emmanuel Dubois de Prisque : La Chine e(s)t le monde ; essai sur la sino-mondialisation, éditions Odile Jacob.
>Voir l'article sur le site de Ouest-France
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