Allemagne : face au péril économique, le patronat descend dans la rue
Empêtrés dans les difficultés, les patrons allemands manifestent ce mercredi 29 janvier pour alerter sur la situation outre-Rhin.
SOS de patrons en détresse. En Allemagne, la situation économique est si inquiétante en ce début d'année qu'une centaine de fédérations patronales organisent, ce mercredi 29 janvier, une « journée d'alerte économique » (Wirtschafts-warntag). Des Länder les plus reculés à la Porte de Brandebourg à Berlin, les chefs d'entreprise sont appelés à battre le pavé. « Notre objectif est de réveiller le pays », a souligné Christian Vietmeyer, le directeur de l'association des fabricants d'acier et de métaux (WSM) à un média outre-Rhin.
À un mois des élections législatives anticipées - programmées le 23 février -, le pays est embourbé dans les difficultés économiques. Après s'être rétracté de 0,3 % en 2023, le produit intérieur brut s'est contracté de 0,2 % l'année dernière, selon Destatis, l'office allemand des statistiques. Plus inquiétant encore, aucune reprise solide de l'activité ne se fait sentir. Résultat, la prévision de croissance pour 2025 devrait être officiellement abaissée ce mercredi par l'exécutif de 1,1 % à 0,3 %.
- « Le pays est en récession , confirme Paul Maurice, secrétaire général du Comité d'études des relations franco-allemandes à l'Ifri. On devrait atteindre les trois millions de chômeurs cette année, ce qui n'est pas arrivé depuis 15 ans en Allemagne ».
Pilier économique du pays, l'automobile souffre particulièrement : le constructeur Volkswagen a annoncé qu'il allait supprimer 35.000 postes d'ici à 2030. Ce sont 10 % de ses effectifs sur le territoire allemand. Des difficultés qui se répercutent en cascade sur les équipementiers, à l'instar de Bosch qui a prévu de remercier 3.850 collaborateurs travaillant près de Hanovre et de Stuttgart.
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Le futur chancelier sous pression
Dans ce contexte difficile, le salut viendra-t-il de la future coalition au Bundestag ? C'est ce qu'espèrent les fédérations patronales qui attendent du futur gouvernement qu'il prenne « la mesure de cette crise » et agisse « avec détermination ». Le message a sans doute été reçu cinq sur cinq par le candidat de la CDU-CSU, Friedrich Merz, qui a de fortes chances d'accéder à la Chancellerie. Dans son programme, ce libéral francophile compte notamment baisser l'impôt sur le revenu et sur les sociétés pour un coût annuel estimé à 90 milliards d'euros, selon les économistes allemands, soutenir l'industrie et accentuer les accords de libre-échange avec l'Inde et les pays d'Asie du Sud-Est.
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Texte citation
« L'objectif de Merz est de viser 2 % de croissance par an », précise Paul Maurice. Une relance d'autant plus difficile dans un pays qui a fait de l'orthodoxie budgétaire, une règle inscrite dans la loi. Friedrich Merz y parviendra-t-il en prenant la tête du gouvernement ? « A court terme, il devrait surtout rassurer les milieux patronaux et financiers », anticipe le spécialiste de l'Allemagne.
Secrétaire général du Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l'Ifri
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