Angela Merkel attendue sur sa nouvelle politique migratoire
La chancelière allemande, obligée de durcir ses positions sur le sujet alors que la question des demandeurs d’asile menace la coalition gouvernementale, reçoit, jeudi 5 juillet, le premier ministre hongrois, fervent partisan de la fermeture des frontières.
La chancelière allemande Angela Merkel et le premier ministre hongrois Viktor Orbán, se rencontrent jeudi 5 juillet à Berlin. L’occasion de discuter d’un éventuel accord bilatéral sur la question des demandeurs d’asile.
L’occasion aussi, pour Angela Merkel, qui a renoncé à sa politique migratoire généreuse pour sauver la fragile coalition gouvernementale allemande, d’exprimer clairement sa volonté en matière de politique migratoire, après le changement de cap qu’a connu cette dernière.
Depuis des semaines, en effet, le parti conservateur bavarois (CSU) et Angela Merkel s’écharpent sur le sort des demandeurs d’asile. Dirigé par Horst Seehofer, le parti bavarois est un élément clé de la coalition composée de la CDU, parti de la chancelière, mais aussi les sociaux-démocrates du SPD.
Ces tensions ont atteint leur paroxysme, dimanche 1er et lundi 2 juillet, quand Horst Seehofer a menacé de quitter son poste de ministre de l’intérieur. Face au risque d’éclatement pur et simple de la coalition, Angela Merkel a durci sa politique migratoire au grand désarroi du SPD qui devrait se prononcer jeudi 5 juillet sur cet accord qui reste en suspens.
Angela Merkel a annoncé que les demandeurs d’asile arrivant en Allemagne mais déjà enregistrés dans un pays de l’UE seront placés dans des « centres de transit » à la frontière avec l’Autriche en attendant leur renvoi vers le pays d’entrée. Une position que la chancelière a réaffirmée, mercredi 4 juillet, lors de son discours de politique générale devant la chambre des députés, le Bundestag. « Il doit y avoir plus d’ordre concernant toutes les formes d’immigration », a-t-elle déclaré.
« On ne peut pas parler d’un durcissement mais d’une évolution »
La visite de Viktor Orbán à Berlin – qui sera suivie de celle de la première ministre britannique Theresay May – montre qu’Angela Merkel tente de se rapprocher du chef de file du groupe de Visegrad, composé de quatre pays européens dont la Hongrie, qui milite pour la fermeture de leurs frontières. « Le terrain d’entente risque d’être difficile sur le fond mais sur la forme, il y aura un accord qui satisfait les deux partis », estime Isabelle Bourgeois, chargée de recherches au Centre d’information et de recherches sur l’Allemagne contemporaine (CIRAC).
Pourtant, le premier ministre hongrois a longtemps été perçu comme l’opposé de la chancelière sur la politique migratoire, en particulier en 2015, quand cette dernière décida d’ouvrir ses frontières aux migrants dans le contexte de la guerre en Syrie. « Une situation exceptionnelle », dira-t-elle plus tard.
- « L’approche d’Angela Merkel a beaucoup changé depuis 2015. L’accord passé en 2016 avec la Turquie pour réduire la migration en Europe avait ainsi été poussé par Berlin », souligne Barbara Kunz, politologue au Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) de l’Ifri.
Angela Merkel a-t-elle personnellement changé d’avis sur la question migratoire ? « Non elle n’a pas changé d’opinion sur les migrants. On ne peut pas parler de durcissement mais d’une évolution », répond Isabelle Bourgeois.
Angela Merkel est surtout aux prises avec la realpolitik allemande. En octobre 2018, des élections législatives se tiendront en Bavière, région très conservatrice et bastion de la CSU, partenaire historique de la CDU de la chancelière.
- « Angela Merkel est obligée de composer avec la CSU par peur de la montée de l’extrême droite, représentée par l’AfD », estime la spécialiste. « La politique électorale bavaroise vient infiltrer la politique nationale ». Et aussi la politique européenne.
>> Lire l'article sur le site de La Croix
Média
Partager