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Après les émeutes, une nouvelle ère au Kazakhstan ?

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Janvier 2022 aura vu le Kazakhstan subir sa plus grave crise politique depuis son indépendance, proclamée le 16 décembre 1991. L’augmentation du prix du carburant a embrasé l’ouest du pays en proie à une marginalisation socio-économique, puis les régions du sud, traditionnellement plus rétives au pouvoir central. Que s’est-il passé dans les faits, et quelles conséquences ces troubles ont-ils eues à l’échelle nationale et régionale ?

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Entre le 1er et le 2 janvier 2022, le prix du litre de gaz de pétrole liquéfié (GPL) est passé de 60 à 120 tenge (soit une augmentation de 12 à 24 centimes d’euro) dans l’oblys de Manguistaou, région pétrolière du sud-ouest du Kazakhstan. Dès le 2 janvier, des habitants de la ville de Janaozen, qui avait déjà été le théâtre de manifestations en 2011, se sont rassemblés pour protester contre le renchérissement du GPL, carburant utilisé par 80 % des automobilistes locaux. Le lendemain, la contestation gagne d’autres villes du Kazakhstan : Aktaou, Aktioube, Atyraou, Chymkent, Taraz, et l’ancienne capitale Almaty, dans le sud du pays. Le plafonnement du prix du GPL à 50 tenge (dix centimes d’euro) le litre pour une durée de six mois, annoncé le 4 janvier par une commission gouvernementale spécialement dépêchée à Aktaou, ne suffit à éteindre l’élan protestataire qui prend un tour politique.

Les manifestants réclament pacifiquement le rétablissement de la Constitution de 1993 et le départ définitif de l’ancien président Noursoultan Nazarbaïev (qui continue de tirer les ficelles à la tête de l’État), avant que la situation ne dégénère. On assiste ainsi à des scènes d’émeute et de guerre entre citoyens et forces de l’ordre dans plusieurs villes du Kazakhstan, et singulièrement à Almaty, qui choquent l’opinion publique et tétanisent les autorités d’un pays réputé pour sa grande stabilité intérieure depuis 1991.

[...]

« Elbassy [le Père de la Nation, titre honorifique de Noursoultan Nazarbaïev] a favorisé l’émergence dans le pays d’une caste de gens riches, bien au-delà des standards internationaux ». Cette déclaration, faite le 11 janvier 2022 par le président Tokaïev en présence de son nouveau gouvernement, aurait été inconcevable ne serait-ce qu’une semaine auparavant, lorsqu’à la faveur des événements, il s’est emparé de la tête du Conseil de sécurité. Devenu en 2018 l’organe décisionnaire en matière de sécurité nationale, de défense et de politique étrangère, le Conseil de sécurité était en réalité le véritable centre du pouvoir kazakhstanais, que Nazarbaïev continuait de diriger, malgré sa démission de la présidence de la République en mars 2019. En prenant le contrôle de cette structure, Tokaïev a finalement concrétisé la transition politique amorcée par Nazarbaïev trois ans auparavant.

 

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Michaël LEVYSTONE

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Ancien chercheur associé, Centre Russie/Eurasie de l’Ifri