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Attaque de l’Iran sur Israël : réplique isolée ou escalade du conflit ?

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Dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 avril, l’Iran a envoyé plusieurs centaines de missiles et de drones vers Israël. Comment cette attaque s’inscrit-elle dans les relations tendues entre les deux pays, notamment depuis le 7 octobre ?

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Avec
  • Héloïse Fayet: Chercheuse au Centre des études de sécurité de l'Institut français des relations internationales (Ifri) et responsable du programme de recherche sur la dissuasion nucléaire et la prolifération.
  • Michel Duclos: Conseiller spécial géopolitique et diplomatie à l’Institut Montaigne, ancien ambassadeur de France auprès de Nations Unies

Si tous les projectiles ont été abattus avant qu'ils ne touchent leurs cibles, cette opération reste d’une rare violence et survient après une décennie de tensions latentes entre l’Iran et Israël. Pour décrypter la situation nous recevons ce matin Héloïse Fayet, chercheuse à l’Ifri responsable du programme de recherche sur la dissuasion et la prolifération nucléaire et Michel Duclos, diplomate, ancien ambassadeur de France auprès des Nations-Unies (2002-2006), ancien ambassadeur en Syrie (2006-2009), conseiller spécial à l’institut Montaigne et auteur de Diplomatie française (17 avril Alpha essai).

L’attaque de l’Iran contre Israël : un nouveau tournant ?

Le 1er avril, Israël avait mené une attaque contre le consulat israélien de Damas. Une riposte iranienne a eu lieu dans la nuit de samedi et pourrait marquer un nouveau stade dans le conflit proche-oriental, comme l’explique Héloïse Fayet : 

“on est dans un nouveau stade de cet affrontement, étant donné qu'il s'agit de la première attaque directe contre le territoire israélien menée par l'Iran”. Cependant, pour la chercheuse, ces événements ne marquent pas un tournant majeur : “la frappe du 1er avril contre le consulat était certes originale mais elle s’inscrit dans une politique assez classique menée par Israël d'assassinats ciblés de dignitaires iraniens à l'étranger. Il faut rappeler que de son côté l'Iran a aussi conduit une politique similaire et parfois même d'attaques contre des lieux diplomatiques, soit israéliens, soit européens et occidentaux”

Michel Duclos partage cet avis : “du point de vue d'Israël, cette attaque ne faisait pas une grande différence. Cependant, tout est question de perception. Pour les Iraniens, les Israéliens allaient de plus en plus loin et ils ont estimé qu’il fallait réagir”. Pour Héloïse Fayet et Michel Duclos, la suite va dépendre de la riposte israélienne : “c'est ce qui nous permettra de savoir si on est passé dans une nouvelle ère ou si, au contraire, il s'agit d'un pic très élevé dans une guerre asymétrique qui dure effectivement depuis environ 1979”, souligne la chercheuse.

Une possible riposte de la part d'Israël ?

Les communiqués officiels iraniens considèrent que le match est clos, cependant la presse annonce une "ouverture des portes de l’enfer sur Israël". Pour Héloïse Fayet “il est quasiment certain que l'Iran ne fera rien tant que les Israéliens n'auront pas réagi. Se pose donc la question de l'escalade, des différentes pistes de riposte qui se présentent à Israël. On sait que le président Biden a fait beaucoup d'efforts ce week-end pour convaincre Benjamin Netanyahou et son cabinet de guerre de ne pas faire d'action contre l'Iran. De l'autre côté, l'un des porte-parole de l'armée israélienne a annoncé qu'il y aurait une riposte, mais dans le lieu et le moment de leur choix, ce qui peut dire beaucoup de choses. Ce qui est important, c'est quel sera le choix de la riposte et comment elle sera présentée”. Michel Duclos ajoute : “la position de Netanyahou est forcément de dire que le match n'est pas clos afin de maintenir cette incertitude qui fait partie de la dissuasion. Cependant, si à son tour, il franchit un barreau dans l'escalade, il en prendra la responsabilité. Vis-à-vis du monde entier et notamment des États-Unis, ce n’est pas un bon point”.

Un échec pour l’Iran ?

Israël a transmis les chiffres suivants : 99 % des tirs auraient été interceptés par le dôme de fer. Se pose alors la question de l’intention derrière cette attaque et d’un possible échec de la part de l'Iran. 

“Sachant qu'il développeront la justification la plus utile à leur narratif, cela reste compliqué à savoir”, rappelle la chercheuse. “A mon sens, l’Iran s'attendait sûrement plus de dégâts afin de montrer l'efficacité de leur programme balistique. Cependant, l’attaque était calibrée afin qu'il n'y ait pas de morts civils. Le vainqueur industriel des évènements de la nuit du 13 au 14 avril est évidemment la défense sol-air israélienne". 

Pour Michel Duclos, même si les cibles étaient mal définies et que les systèmes d’armes sont plus lents et moins performants du coté de l’Iran, ce n'est pas un coup à blanc. “Malgré tout, c'est une frappe limitée, essentiellement symbolique, destinée à faire beaucoup de bruit mais pas trop de mal”.

 

> Ecouter le podcast sur le site de France Culture

 

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Héloïse FAYET

Héloïse FAYET

Intitulé du poste

Chercheuse, responsable du programme dissuasion et prolifération, Centre des études de sécurité de l'Ifri