Auf Wiedersehen, Frau Merkel
AUF WIEDERSEHEN. C’est le moment aujourd’hui d’enfiler votre veste de tailleur boutonnée et son pantalon assorti. La chancelière allemande arrive aujourd’hui en France pour sa dernière visite officielle, et son dernier sourire un peu gêné face à l’embrassade d’un président français — quoique les gestes barrières l’épargneront peut-être. Merkel et son époux Joaquim Sauer rejoignent Emmanuel et Brigitte Macron dans la ville de Beaune pour une visite d’ordre quasi privé.
A l’Élysée, on se félicite que la dirigeante allemande termine sa tournée d’adieux internationale avec une visite en France, ce qui montre “la bonne entente” entre les deux pays. L’entourage de Macron veut offrir à Merkel “un moment agréable” dans une ville “très belle, avec une profondeur historique”. C’est un lieu important pour la relation franco-allemande, puisque François Mitterrand y avait rencontré Helmut Kohl en 1993.
Musique et vin. Dans l’entourage de Macron, on explique s’être inspiré des goûts de la chancelière pour monter le programme “sur mesure”. “Angela Merkel adore le vin, le chocolat et le fromage”, assure sa biographe française Marion Van Renterghem dans l’Opinion. Ce n’est pas très original, mais plutôt pratique pour organiser des visites. D’ailleurs, selon le JDD, Merkel et Macron ont déjà marqué leur amitié avec une soirée un peu arrosée à Bruxelles la semaine dernière.
Au programme donc, un concert de piano d’Alexandre Kantorow pour la chancelière, réputée très mélomane. Macron lui remettra aussi les insignes de grand’croix de la Légion d’honneur. Les deux couples visiteront les hospices de Beaune, et rencontreront des acteurs locaux. Les couples suivront les pas de Mitterrand et de Kohl en visitant le château du Clos de Vougeot, classé au patrimoine de l’UNESCO.
- Une relation pas toujours facile. Si la rencontre aujourd’hui sera plutôt personnelle et “non politique”, elle sera néanmoins le moment de faire le point sur leur relation. Selon un conseiller de l’exécutif, on affirme que si Merkel et Macron n’ont pas toujours eu “les mêmes intérêts”, ni “la même approche”, ils ont “trouvé des convergences”. Le discours très ambitieux de Macron sur l’Europe pendant des élections outre-Rhin en 2017 avait notamment été accueilli un peu froidement. “Quelqu’un aurait pu lui dire pas le bon moment pour s’adresser à l’Allemagne”, commente Paul Maurice, chercheur spécialisé sur les relations franco-allemande à l’IFRI. Mais depuis, il y eu des moments d’alignement, notamment sur la mutualisation des dettes dans le plan de relance européenne. Même s’il s’agissait a priori d’un “one shot” pour Merkel, selon Maurice.
En coulisses, Olaf Scholz, le successeur presque certain de Merkel, prépare son arrivée. Le candidat des sociaux-démocrates du SPD a d’ailleurs accompagné la chancelière au G20, où Macron et Scholz se sont “vus et se sont salués”, selon l’Élysée. La transition a déjà commencé. Côté français, il est surtout important qu’elle se fasse le plus vite possible, en tout cas avant le début de la Présidence française du Conseil de l’Union européenne, si la France veut pouvoir pousser ses dossiers prioritaires sur l’autonomie stratégique ou la régulation des géants du numérique. Par sûre que l’entente soit forcément meilleure entre Macron et Scholz, car celui-ci appartient à l’aile droite du SPD et serait un fan d’orthodoxie budgétaire.
Le contrat de coalition entre le SPD, les Verts et les libéraux du FDP semble en bonne voie. Les trois partis espèrent signer l’accord le 6 décembre, jour de la Saint Nicolas. C’est un jour de fête en Allemagne, mais aussi une date qui leur permettrait d’empêcher Merkel, à quelques jours près,de détrôner un certain… Helmut Kohl et de devenir la chancelière ayant exercé le plus long mandat.
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