"Cette guerre en Ukraine est aussi existentielle pour nous"
Sylvie Kauffmann, éditorialiste de politique internationale au Monde et ancienne correspondante à Moscou, et Thomas Gomart, directeur de l’IFRI et auteur de "Les ambitions inavouées" (Tallandier) analyse la diplomatie française et européenne vis-à-vis de l'Ukraine.
Volodymyr Zelensky "n'a pas obtenu" d'avions de chasses d'Emmanuel Macron. Au Royaume-Uni, des pilotes ukrainiens sont formés au pilotage d'avions de chasse, mais des livraisons ne sont pas prévues pour l'instant. "Les alliés occidentaux ne sont pas prêts du tout à franchir ce pallier là", note Sylvie Kauffmann, éditorialiste de politique internationale au Monde.
Ce qui est redouté par les Occidentaux, ce serait le moment où les Ukrainiens frapperaient le territoire russe, ajoute Thomas Gomart, directeur de l’IFRI (Institut Français des Relations Internationales).
Sur le terrain, le rapport de force s'est rééquilibré en faveur de la Russie. La question c'est davantage la rapidité du déploiement des chars, qui n'est pas si simple, Thomas Gomart
"Depuis un an on n'a pas cessé de franchir des étapes qualitatives dans la fourniture d'armes à l'Ukraine", analyse Sylvie Kauffmann. "Il y a un an, l'Allemagne disait encore : on n'est pas sur qu'on peut autoriser des sanctions sur le système de financement Swift".
"Depuis un an, cette unité a été assez remarquable"
Volodymyr Zelensky a réalisé ces derniers jours une tournée européenne. "La séquence est intéressante : de commencer par Londres, qui politiquement a toujours été en pointe du soutien à l'Ukraine, ensuite passer par Paris, finir la séquence à Bruxelles, puis il est ensuite allé en Pologne. C'est une séquence qui a vocation à resserer le soutien" autour de lui, note encore Thomas Gomart. Selon lui, "cette tournée est une mise en scène de l'unité européenne pour soutenir le président Zelensky".
Et alors que Volodymyr Zelensky demande une accélération de l'adhésion de l'Ukraine à l'UE, "la perspective d'avoir l'Union Européenne à échéance est désormais dans toutes les tètes, c'est une victoire pour le président Zelensky", ajoute-t-il.
Sylvie Kauffmann partage ce constat d'une Europe relativement unie derrière l'Ukraine. "Depuis un an, cette unité a été assez remarquable", estime-t-elle. "Après l'unité il faut la maintenir en permanence, chaque paquet de sanctions doit être négocié entre les 27, car toutes ces sanctions ont un cout différent pour chaque pays membre."
"Cette guerre est aussi existentielle pour nous"
Cette guerre en Ukraine a-t-elle changé le rapport de l'UE à la guerre et au pacifisme ? "Oui, je crois que cette guerre nous a changé profondément", selon Sylvie Kauffmann. "On a dit que cette guerre était existentielle pour l'Ukraine, après on s'est rendu compte qu'elle l'était aussi pour Poutine. S'il la perd, tout son crédo s'écroule. Finalement, on se rend compte qu'elle l'est aussi pour nous. Si on laisse la Russie gagner cette guerre, ça veut dire que toutes les valeurs qu'on a défendu s'écroulent. Les conséquences sont très importantes", analyse-t-elle. "On a atteint un point de retour, on est obligé de continuer à soutenir l'Ukraine".
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