Crise diplomatique ou guerre nucléaire : trois scénarios de conflit avec la Corée du Nord
Invasion américaine, attaque nucléaire, révolution de palais, famine... Alors que les tensions entre la Corée du Nord et la communauté internationale sont au plus haut, des chercheurs de l'Institut français des relations internationales (Ifri) se sont penchés sur les principaux scénarios d'évolution du conflit avec le régime de Kim-Jong-Un.
Dans un rapport, axé notamment sur la Corée du Sud - en première ligne en cas de conflit - l'Ifri a analysé les réactions des pays concernés et évalué le degré de probabilité de chacune des hypothèses ainsi que l'ampleur que ces cas pourraient prendre.
Trois scénarios ont été mis à l'étude, du plus probable au moins probable.
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1 - Une hausse des tensions sans passage à l'acte
L'hypothèse la plus probable envisagée par l'Ifri serait celle vers laquelle on semble se diriger. Pyongyang poursuivrait ses provocations dans le but de « démontrer sa force » au reste du monde. Une simple dégradation de la situation actuelle, en somme.
Séoul, désireux de protéger sa population, aurait tout intérêt à éviter l'escalade de la violence, de même que les Etats-Unis.
Plus ambiguë, l'attitude de la Chine reste imprévisible, estime le rapport, qui envisage, pour tous les cas de figure, que le pays défendrait sa frontière, limiterait, lui aussi, l'escalade des tensions mais tenterait avant tout de contenir l'influence des Etats-Unis dans la région.
Dans ce cas précis, indique l'Ifri, le conflit ne serait sans doute pas armé et sa sphère d'influence se limiterait à la diplomatie. Le rapport le circonscrit donc à une échelle locale et évalue comme « faible » le risque d'escalade nucléaire.
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2 - Une révolution interne
« Un second scénario, en apparence moins dramatique, serait celui d'une déstabilisation de la Corée du Nord », envisage le rapport.
Cette révolution interne pourrait prendre plusieurs formes : du coup d'état fomenté par l'armée au soulèvement populaire (peu probable compte tenu de la rigidité du régime) en passant par une « révolution de palais » venant des services de sécurité.
Si elle peut déboucher sur un régime plus démocratique, cette déstabilisation interne de la Corée du Nord est l'une des hypothèses les plus redoutées par ses voisins. Car les armes nucléaires dont dispose le pays devront être neutralisées au plus vite, de crainte qu'elles ne tombent entre de mauvaises mains.
La Corée du Sud devra impérativement stabiliser la situation et apporter une aide humanitaire, tandis que les Etats-Unis devront appuyer le changement de régime. La dimension militaire de la crise serait « très importante », estime le rapport.
« Ces hypothèses ont été très sérieusement envisagées à la fin du règne de Kim Jong-Il », explique l'Ifri. Elles semblent moins probables aujourd'hui tant le contrôle de Kim Jong-un sur les armées s'est accru.
3 - Une attaque (nucléaire) de grande ampleur
Scénario le moins probable, mais aussi le plus dangereux : celui d'une attaque de grande ampleur. Le rapport invite à ne pas écarter cette possibilité « notamment de par le caractère agressif et militariste de Kim Jong-un ».
Cette hypothèse serait le résultat d'une montée de tension progressive qui pourrait être provoquée par des frappes américaines ou sud-coréennes, par exemple. Et ses conséquences pourraient être graves.
Selon l'Ifri, Pyongyang tenterait probablement, dans un premier temps, d'envahir et d'occuper Séoul. « Les Nord-coréens pourraient engager jusqu'à 700.000 hommes, 8.000 pièces d'artillerie, 2.000 chars, 300 avions de combat et une cinquantaine de sous-marins ».
Une situation d'autant plus inquiétante qu'étant donné le niveau d'alerte de la Corée du Nord, ils pourraient attaquer en seulement quelques jours. « Une telle attaque ne nécessiterait que trois jours de préparation, celle-ci pouvant être masquée par la tenue d'exercices d'alerte », prévient l'Ifri.
Dans pareil cas, les Etats-Unis seraient contraints d'intervenir, sous la forme de frappes militaires (et possiblement nucléaires) ce qui engendrerait une guerre d'envergure mondiale. L'Ifri estime le risque d'escalade nucléaire « très élevé ». Avec pour conséquence de plonger le monde dans le chaos.
Voir l'article sur le site des Echos.fr
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