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Diplomatie: avec la Russie, le Kazakhstan sur une ligne de crête

Interventions médiatiques |

cité par Nicolas Celnik pour

  Libération
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Le pays d’Asie centrale, qui a retrouvé une forme de stabilité après une crise politique en janvier, entretient une position ambiguë avec son voisin russe, allié historique, qui est devenu un partenaire embarrassant sur la scène internationale depuis l’invasion de l’Ukraine.
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Il n’était pas présent au défilé du 9 Mai, jour de la victoire sur les nazis pour la nation russe, mais serrait la main le lendemain au président turc Recep Tayyip Erdogan, après s’être affiché aux côtés de Xi Jinping. Invité par les leaders du monde entier au sommet de Davos, il ne s’y est finalement pas rendu. Le signal est clair : le président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokaïev, entend sortir petit à petit du giron de la Russie. Comme l’a résumé le ministre des Affaires étrangères du pays : «S’il y a un nouveau rideau de fer, nous ne voulons pas être placés derrière.» Mais la tâche n’est pas aisée pour la première puissance d’Asie centrale, qui puise près de 40% de ses importations chez son voisin russe et continue de naviguer à vue pour maintenir son activité économique sans tomber sous le joug des sanctions occidentales.

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Jeu d'équilibriste 

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Ce jeu d’équilibriste est le fruit de la politique internationale «multivectorielle» menée par le pays depuis 1991 : le Kazakhstan a entretenu quatre axes politiques économiques et diplomatiques majeurs avec la Russie, la Chine, la Turquie et l’Union européenne. Au-delà des communiqués diplomatiques, ce sont plutôt un certain nombre de signaux qu’il faut scruter pour se faire une idée de là où penche la balance. Les plus petits détails font la plus grande différence : pour comprendre la situation au Kazakhstan, il faut sortir le mètre-ruban. En 2014, le pays a commencé à développer un réseau de chemin de fer dont les rails sont écartés d’1,435 mètre, contre 1,52 mètre auparavant. Comprendre : il a adopté la norme chinoise et délaissé le standard russe. Une manière de miser sur les Nouvelles routes de la soie chinoises, le Kazakhstan espérant ainsi se constituer en axe logistique essentiel entre Pékin et la Turquie pour ensuite atteindre l’Europe. Ce corridor trans-caspien pourrait être une manière pour tous les pays de la région, de l’Azerbaïdjan à la Géorgie, de trouver de nouvelles routes commerciales qui ne passent pas par la Russie – et cette «Route de la soie de fer» n’est pas particulièrement du goût du voisin russe.

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Enfin, pour le chercheur à l'Institut français des relations internationales (Ifri) Michaël Levystone

Le Kazakhstan dispose d'un atout qui marche aussi bien vis-à-vis de la Russie que de l'Union Européenne : c'est le pays par lequel parler à la Russie quand on ne peut plus lui parler directement. François Hollande était venu au Kazakhstan en 2014, et c'est ce qui lui a permis de renouer le contact avec Vladimir Poutine par la suite.

 

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Michaël LEVYSTONE

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Ancien chercheur associé, Centre Russie/Eurasie de l’Ifri