Elections de mi-mandat : les fractures américaines
Le 8 novembre auront lieu les élections de mi-mandat. Des élections cruciales pour les Etats-Unis : les 435 sièges de la Chambre des représentants et 35 des 100 sièges du Sénat sont disputés. Droit à l'avortement, inflation, chômage : à qui profiteront ces midterms ? Est-ce un duel Biden - Trump ?
C’est l’épreuve obligatoire et redoutée que doit affronter tout président américain deux ans après son élection : son parti doit retourner devant les électeurs état par état, et pour une multitude de postes. Il s’agit de renouveler la totalité de la Chambre des représentants, où les démocrates disposent pour le moment d’une mince majorité, 1/3 du Sénat, où ils n’ont qu’une voix d’avance, 2/3 des gouverneurs et des différents fonctionnaires locaux chargés entre autres d’organiser et de surveiller les prochaines présidentielles de 2024.
Ces scrutins à mi-mandat, qui auront lieu dans 10 jours, le 8 novembre prochain, sont d’ordinaire interprétés comme un referendum sur le bilan de l’administration en place. Cette fois, elles tiennent du match retour de la présidentielle de 2020 puisque Biden et Trump se font à nouveau face, et elles annoncent aussi la prochaine sans que les têtes d’affiche en soient identifiées. La tension est extrême tant la politique aux Etats-Unis s’est radicalisée, tribalisée, tant l’idéologie et la violence imprègnent désormais le débat public, tant les préoccupations économiques mais aussi les clivages sociétaux et générationnels brouillent les repères habituels. Donald Trump avait perdu les mid-terms de 2018 comme il a perdu la Maison Blanche en 2020, et pourtant près de la moitié des électeurs seraient toujours convaincus que Joe Biden lui a volé la victoire.
Comment expliquer une telle emprise de l’ancien homme d’affaires au moment où il doit répondre devant la justice de ses encouragements à la fraude électorale et à l’assaut du Capitole, sans oublier un contrôle fiscal sur le groupe familial ? Pour Joe Biden, l’enjeu de ces élections n’est rien moins que la survie de la démocratie. Quels sont les atouts et les faiblesses de son camp ?
A quoi ressemble la géographie électorale, quels sont les états clé à surveiller ?
Inflation, criminalité, droit à l’avortement mais aussi poursuite ou nom du soutien massif à l’Ukraine en guerre : quelles seront les motivations des électeurs dans une Amérique qui paraît de plus en plus divisée et déboussolée ?
Et quelles conséquences pour les deux ans à venir ?
Laurence Nardon, Responsable du programme Amérique du Nord de l’Ifri, explique :
Biden en arrivant au pouvoir en janvier 2021 a décidé de mettre en place un certain nombre de politiques pour aider les classes moyennes. [...] Avec des lois qui réinjectent de façon très keynésienne des sommes d'argent colossales dans l'économie américaine [...] Le bilan de l'administration Biden est assez conséquent et assez positif pour ces fameuses classes moyennes, celles qui ont voté Trump.
[...]
Il y a eu une embellie cet été pour les Démocrates, qui est peut-être venue trop tôt. Elle était liée à toutes ces lois qui ont été perçues comme très positives et à la décision Dobbs de la Cour Suprême mettant fin à la garantie fédérale du droit à l'avortement, mais cette embellie s'est évaporée. On voit aujourd'hui des chiffres de sondages très préoccupants pour les Démocrates.
Avec :
- Corentin Sellin, Professeur agrégé d'histoire CPGE (classes préparatoires aux grandes écoles), spécialiste des Etats-Unis
- Laurence Nardon, Responsable du programme Amérique du Nord de l’Ifri, productrice du podcast hebdomadaire "New Deal" sur Slate
- Lauric Henneton Maître de conférences en civilisation des pays anglophones à l’Université de Versailles Saint-Quentin et chroniqueur au magazine Rolling Stone
- Pierre-André Chiappori Professeur d’Economie à la Columbia University, titulaire de la chaire E. Rowan and Barbara Steinschneider, membre de l’Académie des sciences morales et politiques
> Écoutez l'intégralité de l'émission sur France Culture
Média
Partager