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En Allemagne, l'extrême droite pourrait être interdite pour sa proximité avec les néonazis

Interventions médiatiques |

cité par Vincent Bresson dans

  Le Pélerin
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À quatre mois des élections européennes, une vaste mobilisation appelle à bannir le parti populiste Alternative pour l'Allemagne (AfD) du champ politique. En cause : la révélation d'une rencontre avec des néonazis.

Contenu intervention médiatique

Un article peut parfois faire l'effet d'une bombe. Les révélations du média d'investigation Correctiv sur la tenue d'une réunion secrète en novembre 2023 ont entraîné une vague de protestation en Allemagne. Ce rendez-vous entre des membres de groupuscules néonazis et plusieurs cadres d'Alternative für Deutschland (AfD), un parti populiste eurosceptique, classé à l'extrême droite, aurait été l'occasion d'échanges sur la politique à mettre en place si ce mouvement arrivait au pouvoir. À quelques mois des élections européennes et régionales dans les Länder de l'est du pays, des sondages récents le créditent, il est vrai, d'environ 20 %. Au cœur de ces discussions et de la protestation qui s'est ensuite suivie se trouve un plan de « remigration » visant à expulser des millions d'immigrés.

En réponse, 1,4 million d'Allemands sont descendus dans les rues durant une mobilisation anti-AfD du 19 au 21 janvier 2024. « La montée d'un parti néonazi appelé NPD avait déjà provoqué des manifestations par le passé », rappelle Jérôme Vaillant, professeur émérite de civilisation allemande à l'université de Lille. En 2003 et en 2017, cette formation était même sous la menace d'une interdiction après un recours auprès du Tribunal constitutionnel fédéral, finalement rejeté. Dans les années 1950, le Parti communiste et un parti néonazi avaient été proscrits. Et la semaine dernière, cette cour constitutionnelle a ouvert la voie à la fin du financement public d'un groupuscule, Die Heimat, en raison de sa volonté de remplacer « l'ordre constitutionnel existant par un “État national” autoritaire ».

Un parti sous surveillance

Après le succès d'une pétition en ligne rassemblant plus de 700 000 signataires, la question de l'interdiction d'une formation politique concerne cette fois-ci AfD. « Ce mouvement est sous la surveillance de l'Office fédéral de protection de la Constitution car il est suspecté de rassembler une tendance anticonstitutionnelle, appuie Jérôme Vaillant. Mais, comme le NPD en son temps, AfD veille à contrôler les manifestants trop radicaux en son sein. » La demande a donc peu de chances d'aller jusqu'au bout, faute d'éléments à charge suffisants pour les magistrats.

« Le succès du parti AfD ne s'explique pas seulement par le rejet de l'immigration, analyse Éric-André Martin, secrétaire général du Comité d'études des relations franco-allemandes. C'est aussi l'expression d'un malaise plus profond qui puise ses racines dans la récession, le coût de l'énergie et les menaces de délocalisation. La réponse à apporter est davantage de nature politique. »

Pour concurrencer l'AfD, Hans-Georg Maassen, figure conservatrice de la démocratie chrétienne (CDU), opposé à l'ouverture des frontières lors de la crise des réfugiés de 2015, vient ainsi de créer son propre parti. À l'autre bord de l'échiquier, Sahra Wagenknecht, ex-cadre du parti de gauche radicale, Die Linke, a lancé une formation antisystème autour, notamment, de la nécessité de réduire l'immigration. Un tournant qui n'est pas sans rappeler celui de nombreux partis de l'Europe du Nord, qui, depuis plusieurs années déjà, ont décidé d'investir ce thème afin de renouer avec le succès électoral.

 

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Éric-André MARTIN

Éric-André MARTIN

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Ancien secrétaire général du Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) de l'Ifri