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Entre la Grèce et la Turquie, les tensions s’accentuent

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citée  par Nicolas Bourcier et Marina Rafenberg dans

  Le Monde
Accroche

Le basculement de Washington en faveur d’Athènes aggrave le contentieux entre les deux pays. A la frontière gréco-turque l’état d’alerte est quasi permanent.

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Patrouilleur grec  HS Ormi  quittant le port de Rhodes à proximité des côtes turques.
Patrouilleur grec HS Ormi quittant le port de Rhodes à proximité des côtes turques.
Lubos K / Shutterstock.com
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Il y a les invectives, une grande nervosité, des plaies historiques et rien pour calmer la tension croissante. Pas un jour, ou presque, ne se passe sans des échanges de coups bas entre la Turquie et la Grèce, repris par les chaînes d’information des deux pays où experts militaires et diplomatiques débattent en boucle des risques de conflit. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, est connu pour ses sorties abruptes et ses attaques musclées. Ses cibles sont nombreuses et aléatoires, mais elles semblent se concentrer ces derniers mois avec une rigueur toute particulière sur le gouvernement grec et son premier ministre, Kyriakos Mitsotakis. [...]

La rupture actuelle, quant à elle, remonte au mois de mai, lorsque Kyriakos Mitsotakis a mis en garde, à Washington, les membres du Sénat et de la Chambre des représentants contre la fourniture d’armes américaines à la Turquie, sans la nommer expressément. « La dernière chose dont l’OTAN a besoin ces jours-ci, alors que notre objectif doit être d’aider l’Ukraine à vaincre l’agression de la Russie, est une autre source d’instabilité sur le flanc sud-est, a déclaré le premier ministre, avant d’ajouter : Et je vous demande de garder cela à l’esprit lorsque vous prenez des décisions concernant les livraisons d’armes liées à la Méditerranée orientale. » Des propos considérés comme « un point de non-retour », selon Erdogan lui-même.

L’achat de chasseurs F-35 américains est un dossier sensible pour Ankara, qui cherche à moderniser sa flotte obsolète. Washington avait exclu la Turquie de ce programme militaire de pointe après qu’elle a acquis, en 2019, des missiles de défense antiaérienne russes S-400. C’est à partir de cette période qu’a été observé un basculement stratégique des Etats-Unis vers la Grèce, partenaire jugé plus fiable et moins ambivalent que la Turquie d’Erdogan. Depuis 2019, Athènes a dépensé 10,3 milliards d’euros en équipement militaire pour faire face à ce que les observateurs grecs appellent la « menace turque » 

« La remise à niveau des Grecs du point de vue militaire et leur rapprochement avec Washington ont rendu les Turcs fous », admet Dorothée Schmid, directrice du programme sur la Turquie et le Moyen-Orient à l’Institut français des relations internationales.

« Du côté d’Erdogan, il y a la volonté de donner des gages aux nationalistes et, du côté de Mitsotakis, celle de rassurer la population grecque, surtout celle qui vit près de la frontière ou sur les îles », note Dorothée Schmid. « La solution, s’interroge la spécialiste, serait peut-être, pour les deux pays, d’aller au Tribunal [d’arbitrage international] de La Haye [aux Pays-Bas] pour régler leurs différends, mais le coût politique pourrait être trop grand pour Athènes si des concessions devaient être faites. »

[...]

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Dorothée SCHMID

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Responsable du programme Turquie/Moyen-Orient de l'Ifri

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Patrouilleur grec HS Ormi quittant le port de Rhodes à proximité des côtes turques.
Lubos K / Shutterstock.com