Entre Paris et Berlin, soixante ans de tensions et d'avancées
A la veille des soixante ans du traité de l'Elysée, retour sur les relations entre les présidents français et les chanceliers allemands qui n'ont jamais été parfaites, notamment au début de leurs mandats. Des périodes de crise parfois aiguës ont alterné avec des rapprochements débouchant sur des avancées historiques.
Le manque de coordination entre Paris et Berlin depuis l'arrivée d'Olaf Scholz au pouvoir a fait couler beaucoup d'encre. Le report, cet automne, du Conseil des ministres franco-allemand , à quelques semaines des célébrations des soixante ans du traité de l'Elysée, a nourri la nostalgie d'un couple franco-allemand harmonieux, garant d'une vision commune de la construction européenne.
Mais ce passé idéalisé n'a jamais existé, pointent les diplomates et les experts. « En réalité, cela n'a jamais été facile, ce partenariat n'avance que dans les situations de crise », assure Cornelia Woll, présidente de Hertie School à Berlin.
« Les relations entre les dirigeants ont souvent été difficiles, en particulier au début des mandats, abonde Hans Stark, de l'Institut français des relations internationales (Ifri). Hormis celui de Valéry Giscard d'Estaing et Helmut Schmidt qui a fonctionné à merveille dans les années 1970, tous ont connu des tensions plus ou moins importantes ».
Relation transatlantique
Même entre Konrad Adenauer et le général de Gaulle, la relation a été difficile, rappelle Cornelia Woll. Avant la signature du traité de l'Elysée en 1963, leurs visions très opposées ont en particulier fait échouer les premiers projets de défense commune.
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L'image de François Mitterrand et d'Helmut Kohl, avançant main dans la main en 1984 à Verdun, a aussi fait oublier les différences qui séparaient le président socialiste du chancelier conservateur.
« Ils ne se sont rapprochés qu'après le tournant de la rigueur décidé par Mitterrand en 1983 », rappelle Hans Stark.
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Bras de fer au sommet de Nice
Entre Jacques Chirac et Gerhard Schröder, les débuts ont été particulièrement tendus. En témoigne le bras de fer au sommet de Nice en décembre 2000 sur la réforme des institutions européennes. Un mois plus tard, les deux dirigeants se rencontrent à Blaesheim pour apaiser leurs tensions.
Ils se mettent d'accord pour se retrouver toutes les six semaines afin d'harmoniser leurs positions sur l'Europe. Paris et Berlin s'opposeront ainsi de concert, en 2003, à la guerre en Irak voulue par Washington.
« La relation a ensuite formidablement bien fonctionné alors qu'elle était partie sur de très mauvaises bases », souligne Hans Stark.
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