États-Unis : le scandale des passe-droits dans les grandes universités
Alors qu’en France on veut supprimer l’ENA, les plus prestigieuses universités américaines font face au scandale.
Oubliez nos frustrations à propos du recrutement de l’ENA ! Révélé en mars dernier, le scandale des admissions truquées dans les grandes universités américaines va beaucoup plus loin.Surnommée l’affaire « Varsity Blues », d’après le titre d’un film de 1999, l’affaire touche à ce jour plus de 50 riches parents, accusés d’avoir utilisé les services du coach William Rick Singer pour faire admettre leurs enfants dans des universités de renom.
Ce dernier, qui risque 65 ans de prison, aurait touché plus de 25 millions de dollars entre 2011 et 2018. Il reconnaît avoir soit soudoyé les examinateurs afin que les candidats puissent tricher lors des examens d’entrée, soit monté de faux dossiers les présentant comme des athlètes de haut niveau. Ainsi, Yusi Zhao, fille de milliardaires chinois ayant fait fortune dans les produits pharmaceutiques, a été présentée comme une championne de voile, fausses photos à l’appui, afin d’entrer à Stanford (elle a depuis été exclue). D’autres accusés incluent l’actrice Felicity Huffman, qui jouait déjà une mère avide de succès pour ses enfants dans la série Desperate Housewives ; ou, pire encore, Bill McGlashan, ami du chanteur Bono et responsable de son fonds philanthropique « Rise », connu pour ses discours enflammés sur la responsabilité sociale des entrepreneurs et le devoir pour eux de faire le bien.
Le sociologue Bourdieu a mis en évidence les mécanismes puissants de la reproduction des élites. Comme en France avec les grandes écoles, les élites américaines sont toutes passées par une poignée d’universités de la « Ivy League » – tous les membres de la Cour suprême sont issus de Harvard ou de Yale. Beaucoup de parents sont prêts à tout pour que leurs enfants bénéficient du prestige attaché à ces grandes universités.
Mais il existe une gradation entre aider ses enfants à faire leurs devoirs et les emmener au musée, leur faire donner des petits cours, leur ouvrir nos carnets d’adresses pour trouver un stage… et acheter les examinateurs en toute connaissance de cause. Le système Singer viole le système méritocratique et remet en cause ce moteur du « rêve américain » qu’est l’égalité des chances.
Média
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