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Face à la supériorité de l’armée russe, l’Ukraine peut-elle gagner la guerre?

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cité par Nicolas Barotte pour

  Le Figaro
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Fortement motivée, se battant pour la survie d’une nation, l’armée ukrainienne a défié tous les pronostics. En trois mois de guerre, elle a repoussé les assauts russes à Kiev et Kharkiv. Cependant, elle est confrontée à une situation critique dans le Donbass.

Contenu intervention médiatique

«Les guerres sont imprévisibles, et personne ne peut dire avec certitude quand et comment cette guerre se terminera.» Jeudi dernier, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, s’exprimait avec prudence. Après que la victoire des uns et puis des autres a été prédite, l’issue du conflit est jugée incertaine par les observateurs militaires. Ils ont tiré les premières leçons des combats. Le 24 février, le «rouleau compresseur» russe semblait laisser peu d’espoirs aux forces ukrainiennes. Mais l’affrontement présenté comme celui de David contre Goliath s’est révélé plus équilibré. La guerre éclair était une autre illusion, dit-on au sein de l’armée française. Les forces de Vladimir Poutine ont commis de nombreuses erreurs, et les offensives contre Kiev ou Kharkiv ont échoué.

Alors, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a commencé à croire la reconquête possible, soutenue par l’aide militaire internationale. L’Ukraine peut gagner, a-t-on commencé à dire, sans que les Occidentaux s’entendent sur le sens d’une défaite, d’un affaiblissement ou d’une humiliation de Vladimir Poutine. Pour qu’il y ait victoire d’un camp, l’autre doit accepter une défaite, de gré ou de force. On en est loin. Alors, les plans initiaux ont été remisés et d’autres scénarios ont été imaginés au sein des états-majors.

La Russie peut-elle encore atteindre ses objectifs ? 

Depuis le 24 février, Moscou a revu ses objectifs à la baisse, au moins à court terme. Il n’est plus question de faire tomber Kiev, d’installer un gouvernement fantoche et de faire revenir l’ancienne République soviétique dans la zone d’influence russe. Poutine a-t-il pour autant abandonné l’idée de «dénazifier» l’Ukraine? La guerre ne se résume pas pour lui à un enjeu territorial: assurer une continuité entre la Crimée et la Russie, ce qu’elle a réussi à faire en obtenant la reddition des derniers résistants de Marioupol. 

«Vladimir Poutine veut chasser les États-Unis d’Europe et la dislocation de l’Otan», assure Dimitri Minic, spécialiste de la Russie à l’Ifri. «Il poursuivra ses objectifs avec détermination», pense-t-il.

 

Face à cette menace, l’Otan a opté pour des scénarios de renforcement de ses postures de défense. Sans renoncer à ses ambitions de long terme, le président russe doit s’adapter à la réalité du terrain pour éviter une défaite. L’offensive russe se concentre maintenant dans le Donbass autour de Sieverodonetsk et Lyssytchansk, l’enjeu prioritaire des jours ou des semaines à venir. «Les Russes avancent prudemment», note une source militaire française. Ils ont appris de leurs échecs initiaux pour mieux coordonner leurs opérations. Sieverodonetsk et Lyssytchansk comptaient 200.000 habitants avant la guerre, soit deux fois moins que Marioupol, qui a mis trois mois à tomber. Ensuite, l’armée russe pourra s’attaquer aux positions ukrainiennes à Sloviansk et Kramatorsk.

L’enjeu est autant symbolique que tactique, même s’il est géographiquement restreint. En s’emparant de l’ensemble du district administratif du Donbass, Vladimir Poutine pourra revendiquer un deuxième succès après la prise de Marioupol. 

«Ensuite, que Kramatorsk ait été pris ou que les Ukrainiens aient réussi à installer des lignes de défense, l’armée russe aura cruellement besoin d’une pause opérationnelle», assure Dimitri Minic.

Les deux camps sont épuisés, avec, selon certaines estimations occidentales, déjà 15.000 morts de chaque côté. Le nombre de blessés est encore plus important. Les unités doivent se régénérer urgemment. Dans les semaines qui viennent, Russes et Ukrainiens jouent la définition d’une ligne de front.

 

> L'article en intégralité sur Le Figaro (article réservé aux abonnés). 

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Dimitri MINIC

Dimitri MINIC

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Chercheur, Centre Russie/Eurasie de l’Ifri