Face à Poutine, Biden ne cherche pas qu'à se démarquer de Trump
Les premiers mois de la relation entre Joe Biden et Vladimir Poutine ont été riches en tensions. Mais le président américain semble vouloir y remédier, sur certains points.
Amis, ennemis ou diplomates aguerris? En rencontrant Vladimir Poutine à Genève, Joe Biden se retrouve face à celui qu’il a qualifié à demi-mot de “tueur”, avant d’entamer un processus de désescalade dont la première étape a justement lieu ce mercredi 16 juin.
En récupérant le Bureau ovale, Joe Biden a choisi une approche complètement différente, en partie pour se démarquer du 45e président américain. “J’ai clairement dit au président Poutine, d’une façon très différente de mon prédécesseur, que le temps où les États-Unis se soumettaient aux actes agressifs de la Russie (...) était révolu”, avertissait-il moins d’un mois après son entrée en fonction.
Mais sa volonté de rompre avec Trump n’est pas le seul élément pour expliquer la relation de Biden avec Poutine. Tatiana Kastueva-Jean, directrice du Centre Russie/NEI de l'Ifri, analyse pour le HuffPost :
Joe Biden agit différemment par rapport aux autres présidents et je pense que c’est lié à sa personnalité: il a deux personnalités en une.
Résultat de cette addition contrastée: “une politique duale, où il y a à la fois des bâtons et des carottes”. Considérer Vladimir Poutine comme un “tueur” est assurément un coup de bâton - même si le président américain n’a pas osé, à la veille de la rencontre, réitérer l’affirmation. La prolongation dès son entrée en fonction du traité New START (traité de réduction des armes stratégiques nucléaires, entré en vigueur en 2011 entre les États-Unis et la Russie, NDLR) a le goût de la carotte.
Vétéran de la politique américaine, Joe Biden a l’expérience de la Guerre froide. Il a aussi celle de vice-président d’Obama, à l’époque où celui-ci a tenté (en vain) de repartir sur de nouvelles bases avec la Russie. Tatiana Kastoueva-Jean détaille :
Joe Biden a une plus grande marge de manœuvre vis-à-vis de la Russie que Donald Trump. Il ne risque pas de se faire accuser d’être le complice de Poutine et de jouer son jeu. Donc même s’il fait ce qu’on aurait considéré être une concession pour Trump, pour Biden cela sera considéré comme une politique plus nuancée.
Contre toute attente, il pourrait en effet bien y avoir de la nuance dans certaines discussions entre Joe Biden et Vladimir Poutine.
La liste des sujets que les dirigeants pourraient aborder est longue: guerre contre la cybercriminalité, maîtrise des armements (le fameux “arms control”), climat, Arctique mais aussi Afghanistan, Alexeï Navalny ou Ukraine.... Fin mai, la Maison Blanche indiquait sans plus de précision que “l’éventail complet des problèmes auxquels sont confrontés les États-Unis et la Russie” serait abordé.
Tatiana Kastoueva-Jean explique :
Parmi ces problèmes, d’autres seront plus faciles à aborder que d’autres. Par exemple “la stabilité stratégique, le ‘arms control’ qui sont des héritages de la Guerre Froide. Là-dessus Biden montre l’ouverture.
Mais il y a aussi les sujets qui fâchent. Lundi 14 juin en marge du sommet de l’Otan, Joe Biden a promis de dire à son homologue russe Vladimir Poutine quelles sont “ses lignes rouges”. Et d’évoquer dans la foulée les deux principales accusations faites à la Russie de violations des droits de l’homme: le cas d’Alexeï Navalny dont la mort “ne ferait qu’endommager les relations avec le reste du monde, et avec moi” et l’“agression” de l’Ukraine.
Or, Tatiana Kastoueva-Jean avance :
Sur ces deux dossiers brûlants, aucune avancée positive n’est possible.
À l’issue de ce sommet, aucune des deux parties ne s’attend à une déclaration fracassante. D’ailleurs, il n’y aura pas une conférence de presse commune, mais deux distinctes, chacun de son côté. “Je vois cette rencontre avec un optimisme pratique mais faible. C’est une première rencontre dans des conditions difficiles”, a commenté mardi 15 juin le conseiller pour les affaires étrangères du président russe.
Tatiana Kastouéva-Jean résume :
Un “point de départ” qui servira aussi à chacun dans sa politique intérieure.
Pour Vladimir Poutine, ce sera l’occasion de réaffirmer sa politique, aussi bien intérieure qu’extérieure, à la face des Russes et du monde. La directrice du Centre Russie/NEI résume :
Une façon de montrer que la politique qu’il mène est la bonne.
> Retrouver l'intégralité de l'article dans le Huffington Post.
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