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Guerre en Ukraine : les pays d’Asie centrale face au dilemme du « partenaire toxique » russe

Interventions médiatiques |

interviewé par Salomé Kourdouli dans

  Libération
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Traditionnels alliés du Kremlin, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Kirghizistan, le Turkménistan et le Tadjikistan adoptent une position d’équilibriste depuis le début de l’invasion russe, entre prises de position pro-Ukraine et neutralité diplomatique.

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Véritable émancipation ou simple insolence ? Depuis leur indépendance en 1991, les cinq pays d’Asie centrale – Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Tadjikistan et Turkménistan – ont naturellement conservé des liens étroits avec la Russie. Mais l’invasion de l’Ukraine a quelque peu bouleversé la donne dans la région. 

Des prises de position pro-Ukraine osées

Au moment de l’entrée des troupes russes en territoire ukrainien, « il existait de bonnes relations entre Kyiv et les pays d’Asie centrale », souligne Michaël Levystone. Comme l’Ukraine, le Kazakhstan est frontalier de la Russie sur plus de 6 000 km avec une importante communauté russe – plus de 20 % de la population – et de nombreux échanges commerciaux. « L’idée que le Kazakhstan est un pays artificiel a été évoquée par quelques hommes politiques russes, et c’est un discours qui ressemble à s’y méprendre à celui contre l’Ukraine avant le début de la guerre », relève-t-il. S’imaginant à la place de l’Ukraine, les pays d’Asie centrale ont été un peu plus frileux pour soutenir leur grand frère russe dans son « opération spéciale ».

[...]

Une neutralité affichée

« Aucun Etat d’Asie centrale ne s’est formellement prononcé au sein de l’Assemblée générale des Nations unies pour ou contre l’annexion des régions ukrainiennes de Donetsk, Louhansk, Zaporijia et Kherson, par exemple ».

Ni reconnaissance, ni condamnation de la guerre. La position est délicate : s’éloigner trop de la Russie pourrait tirer un trait sur leur principal partenaire économique, appui politique et militaire. Mais un soutien un peu trop appuyé du Kremlin dans son offensive pourrait aussi conduire à des sanctions occidentales. « Leurs liens avec Moscou interdit aux pays centrasiatiques une attitude trop frondeuse », explique Michaël Levystone.

Le grappin russe bien accroché

« La Russie est présente et va rester présente, estime Michaël Levystone. C’est toujours la même équation pour ces pays, qui n’ont pas d’accès à une mer ouverte, et restent dépendants des autres puissances, à commencer par leurs voisins continentaux. »

La proximité entre la Russie et l’Asie centrale ne s’est pas tant étiolée : « Vladimir Poutine a visité les cinq pays en 2022, ça ne s’était pas produit depuis des années », précise Michaël Levystone. Et si la Russie lâche du leste, les autres puissances régionales vont vite prendre la place. Entre Turquie, Iran, Chine et même Inde, la région est scrutée de près. Chaque pays place ses pions : la Turquie se voit bien être le nouveau garant de la sécurité, l’Iran imagine un partenariat économique et rêve de se conforter dans la mer Caspienne, la Chine finance des infrastructures et pourrait faire passer ses nouvelles routes de la soie dans la région, et l’Inde développe ses relations avec les élites politiques. 

« Ce que l’on prend pour une perte d’influence russe en Asie centrale n’est que le fruit d’une vision très occidentale des choses, nuance l’expert de l’Ifri. La réalité est bien plus nuancée. »

 

> Lire l'article intégral sur le site de Libération. 

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Michaël LEVYSTONE

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Ancien chercheur associé, Centre Russie/Eurasie de l’Ifri