Guerre en Ukraine : que révèle la nomination du chef d'état-major, Valeriy Guerassimov, à la tête de l'opération militaire en Ukraine ?
Ce remaniement, trois mois après la nomination de Sergueï Sourovikine, suggère la préparation d'une offensive d'ampleur, mais aussi des luttes intestines.La surprise est tombée, mercredi 11 janvier, au détour d'un communiqué. Trois mois après sa nomination à la tête de l'opération militaire en Ukraine, le général Sergueï Sourovikine est déjà rétrogradé au rang d'adjoint, aux côtés de deux autres responsables.
Le ministère de la Défense justifie ce remaniement par un "élargissement de l'ampleur des missions à accomplir" et la nécessité de mener "une interaction plus étroite entre les composantes des forces armées". La conduite de l'opération militaire en Ukraine est désormais placée entre les mains de Valeriy Guerassimov, le chef de l'état-major en personne.
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Sergueï Sourovikine "a su rectifier le tir partiellement en assumant une posture de défense active", résume Dimitri Minic, chercheur à l'Institut français des relations internationales.
"Il s'est ainsi montré prévoyant sur les axes des deux prochaines probables offensives ukrainiennes. Dans la région de Zaporijjia, il a opéré des mouvements de troupes et des évacuations de civils, tout en consolidant les défenses. Il a également renforcé la présence de troupes à Louhansk."
Le déclassement de Sergueï Sourovikine, d'ailleurs, est tout relatif, puisqu'il était déjà sous les ordres du chef de l'état-major. L'enjeu, ici, est d'abord opérationnel. Valeriy Guerassimov a pour mission de remettre de l'ordre entre l'armée régulière, les "kadyrovtsi" (forces de sécurité tchétchènes), Wagner et les différents groupes paramilitaires, et les forces dites "séparatistes" du Donbass. Côté russe, la coordination des différentes composantes de l'armée est un mal récurrent depuis le début de la guerre.
"Les problèmes des centres de commandement et de contrôle, à très haut niveau, pourraient justifier ce changement inattendu", ajoute Dimitri Minic.
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Une mise en concurrence interne
En ce sens, analyse Ulrich Bounat, la nomination du haut responsable "permet de remettre Evguéni Prigojine à sa place, et de redorer le blason du ministère de la Défense", éreinté sur les réseaux sociaux par des comptes jusqu'au-boutistes, suivis par des centaines de milliers d'abonnés. Ce choix découle d'une "décision politique visant à affaiblir l'influence du camp hostile au ministère de la Défense", abonde encore l'Institute for the Study of War (en anglais), un groupe d'experts américains. Cette semaine, le général Alexandre Lapine, l'une des cibles favorites de l'aile dure, a par ailleurs été nommé à la tête des forces terrestres.
"Le Kremlin veut montrer qu'il prend parti pour l'institution militaire, sans céder durablement ou véritablement aux pressions extérieures", poursuit Dimitri Minic.
"Valeriy Guerassimov, en tant que chef de l'état-major général, est visiblement jugé plus compétent et rassembleur à ce stade et dans la phase actuelle et à venir de la guerre", ajoute le chercheur. Pourtant, "les premiers échecs sont aussi de son fait, car il était largement responsable de la planification technique" de la guerre.
D'un point de vue stratégique, maintenant, reste à savoir si la campagne visant délibérément les infrastructures énergétiques de l'Ukraine – grande spécialité de Sergueï Sourovikine, qui a gagné le surnom de "général Armageddon" – se poursuivra avec la même intensité.
Les différentes sensibilités "s'opposent sur le plan des moyens et des objectifs intermédiaires, pas sur les termes centraux de l'équation", insiste toutefois Dimitri Minic. "Ils veulent détruire l'Ukraine indépendante et dépecer son territoire d'une part, et défier l'Occident d'autre part."
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Lire l'interview complète sur le site de Franceinfo.
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