Il était une fois le multilatéralisme
Apparue au XVIIIe siècle, cette idée ne se concrétise qu’après la première guerre mondiale. Ce vieux rêve, remis en cause notamment par l’arrivée de Donald Trump aux Etats-Unis, est pourtant plus nécessaire que jamais.
Histoire d’une notion. C’est un vieux rêve que celui du multilatéralisme. Il inspira le système onusien né du « plus jamais ça » d’après la seconde guerre mondiale – et il est aujourd’hui remis en cause par le pays qui en fut autrefois le pilier. « En tant que président des Etats-Unis, je mettrai toujours l’Amérique en premier. Tout comme vous, en tant que leaders de vos pays, mettez toujours et devez toujours mettre vos pays en premier », lançait Donald Trump en septembre 2017.
Depuis son arrivée à la Maison Blanche, il a retiré la signature des Etats-Unis sur nombre de traités signés par Washington, de l’accord de Paris sur le climat à celui sur le nucléaire iranien en passant par le texte conclu avec la Russie sur la limitation des armements nucléaires intermédiaires. Le multilatéralisme est aujourd’hui menacé comme jamais.
L’idée est pourtant très ancienne : elle remonte aux Lumières. Créer, en lieu et place d’un monde fondé sur la loi du plus fort, une large société d’Etats, égaux en droit comme en devoirs, dotée de mécanismes de règlement pacifique des différends : le concept apparaît, dès le XVIIIe siècle, sous la plume de Grotius, Jean-Jacques Rousseau et Emmanuel Kant, qui rédige en 1795 un Projet de paix perpétuelle. Le contrat social ne doit pas, selon eux, se limiter à quelques nations mais impliquer l’humanité tout entière.
- « Le multilatéralisme est marqué par une contradiction de naissance, souligne, en 2004, Philippe Moreau-Defarges, chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI), dans Politique Etrangère. Conçu comme “agéographique” et universel, il est indissociable d’un dessein géopolitique : celui de la sécurité de l’île américaine par le ralliement de la planète aux valeurs démocratiques produites au cœur de cette île par les Etats-Unis. »
- « La multipolarité ne s’est pas accompagnée d’un multilatéralisme permettant de mieux réguler les échanges, note Thomas Gomart, le directeur de l’IFRI. Au contraire, elle a donné lieu à de nouveaux rapports de force, qui ont conduit les trois principales puissances – les Etats-Unis, la Russie et la Chine – à s’affranchir de la règle de droit ou à l’instrumentaliser quand bon leur semble. »
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