« Il y a un sentiment de déclassement du pays » : L’Allemagne cherche un nouveau leader
Qui pour redresser la barre de la première économie européenne et de la quatrième mondiale ? Les électeurs allemands votent ce dimanche 23 février pour élire 630 députés à la chambre basse du Parlement, le Bundestag, l’équivalent de l’Assemblée nationale en France. Après cette élection à un seul tour et à la proportionnelle, le parti arrivé en tête aura pour mission de former une majorité avec au moins une autre formation politique. Sauf énorme surprise, ce sera Friedrich Merz, le candidat des conservateurs, alliance des partis CDU et CSU. Il fait la course en tête depuis le début de cette campagne, stable autour de 30 % d’intentions de vote. Mais avec qui gouvernera-t-il ?

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Sauf à gouverner seule et en minorité – ce qui ne répondrait pas à l’enjeu – la CDU/CSU devra donc, en position de force, discuter avec le SPD ou les Verts, nouer un accord et construire un contrat de coalition. C’est un texte, souvent d’une bonne centaine de pages, qui détaille point par point ce qui sera mis en œuvre pendant les quatre années de mandat.
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« Il y a un sentiment de déclassement du pays et une peur de l’avenir, ce qui est assez nouveau, explique Paul Maurice, directeur du Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l’Ifri (Institut français des relations internationales). C’est ce que j’appelle le "German-bashing" par les Allemands eux-mêmes. »

Secrétaire général du Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l'Ifri
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« Avant, il y avait une fierté de la réussite économique, qui était à peu près la seule que les Allemands pouvaient mettre en avant et qui avait aussi des effets sur la fierté de la réussite personnelle. Contrairement à la France, un ouvrier qualifié, chez Volkswagen ou BASF par exemple, avait quand même un salaire correct, il y avait un modèle social et cette fierté d’appartenir à une grande entreprise. La récession économique a remis en cause ce qui était une identité nationale allemande. »

Secrétaire général du Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l'Ifri
Merz veut "remettre l’Allemagne au centre"
Le passage symbolique à 3 millions de chômeurs, des trains qui n’arrivent pas à l’heure, l’absence de rayonnement de l’Allemagne sur la scène européenne et internationale depuis le départ d’Angela Merkel sont pêle-mêle, selon Paul Maurice, des raisons au sentiment de déclassement du pays. Le futur chancelier Merz promet de « remettre l’Allemagne au centre ». Avec, précise le chercheur, un « programme libéral classique », l’ancien homme d’affaires à succès, aujourd’hui millionnaire après notamment un passage à la tête de la branche allemande du fonds d’investissement américain Blackrock, est « le candidat jugé le plus crédible sur les questions économiques ».
Devant ces préoccupations, l’immigration est devenue la première de toutes depuis l’attaque à la voiture-bélier sur le marché de Noël de Magdebourg le 20 décembre et les quatre autres attaques survenues pendant cette campagne, toutes impliquant des étrangers. « Malgré un bilan globalement positif de l’intégration du million de personnes entré en Allemagne il y a 10 ans, principalement des Syriens, la question de l’immigration de travail nécessaire à l’économie du pays et souhaitée par le patronat est devenue, pendant cette campagne, une question identitaire. Et l’extrême-droite mêle cela à une question religieuse, immigration = Islam, pour poser la question des valeurs au sens identitaire du terme. Ce qui conduit une partie des Allemands à déclarer qu’ils ne reconnaissent plus leur pays. »
Et quand deux hommes forts de la nouvelle équipe de Donald Trump à la Maison Blanche, Elon Musk et le vice-président JD Vance, interfèrent dans la campagne allemande en soutenant l’AfD, les partis politiques traditionnels s’interrogent. L’Allemagne ne peut pas se permettre une guerre commerciale avec les Etats-Unis. Merz a basé son projet de relance de l’économie allemande sur une reprise des exportations avec notamment les Etats-Unis, devenu l’an dernier premier partenaire commercial à la place de la Chine. Merz est quelqu’un d’intelligent et de francophile, conclut Paul Maurice, qui pourrait agir, davantage que le chancelier sortant, avec la France et les Européens pour tenter de faire bouger les lignes. »
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