« Ils n’ont jamais pu s’apprivoiser » : à Berlin, Macron va tenter d’apaiser les tensions avec Scholz
Ce vendredi à Berlin, Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz chercheront à aplanir leurs différends après une escalade verbale d’une rare apprêté au sujet du soutien à l’Ukraine.
« Nous abordons à coup sûr un moment de notre Europe où il conviendra de ne pas être lâche », a asséné Emmanuel Macron le 5 mars depuis Prague, en République tchèque. Outre-Rhin, où l’on s’est naturellement senti visé, la phrase a été reçue comme un affront… Un de plus. Ce tacle n’est ainsi que le dernier épisode de la récente escalade verbale entre la France et l’Allemagne au sujet de l’aide à l’Ukraine.
Ce vendredi 15 mars à Berlin, le président français et le chancelier allemand s’efforceront d’apaiser ces tensions. La tâche s’annonce délicate. Le 24 février, cette brouille franco-allemande a pris de rares proportions lorsque le chef de l’État a affirmé ne pas exclure l’envoi de troupes vers le pays en guerre à l’issue de la Conférence de Paris sur le soutien à Kiev.
« Envoyer un message positif à l’Europe »
Le chancelier allemand s’est alors empressé de le désavouer publiquement, au nom de l’Union européenen(UE) et de l’Otan. Et Paris de fulminer. Olaf Scholz n’a certes pas pris de pincettes, mais il avait de quoi être échaudé. Non seulement, Emmanuel Macron n’avait pas prévenu ses alliés, mais il a à nouveau, sans la nommer, lancé des piques à cette Allemagne qui ne voulait fournir que « des sacs de couchage et des casques » au début de la guerre et qui, dans un premier temps, répond toujours « jamais, jamais » …
À Berlin, on apprécie très modérément ces railleries, et encore moins d’être taxé de « lâche », alors que l’Allemagne est de loin le deuxième fournisseur d’armes et d’aide économique à Kiev, après les États-Unis. À plusieurs reprises, Olaf Scholz a d’ailleurs reproché à la France ses efforts « insuffisants » en la matière, en se gardant toutefois de la désigner en public.
« Cette série de joutes oratoires est symptomatique de failles profondes dans la relation franco-allemande, même si, visiblement, il y a tout de même une volonté de travailler ensemble, et de resserrer les liens », analyse Jeanette Süß, chercheuse au sein de l’Institut français de relations internationales (Ifri).
À Bruxelles, on attend beaucoup de la rencontre de vendredi. « Si la France et l’Allemagne n’arrivent pas à accorder leurs violons sur l’aide à l’Ukraine, ce sera catastrophique, estime une source française à Bruxelles. Macron et Scholz n’ont jamais pu s’apprivoiser, mais ils doivent envoyer un message positif au reste de l’Europe, dépasser leurs difficultés personnelles ». Les deux dirigeants ont ainsi des tempéraments notoirement incompatibles : le président est volubile, fougueux, et se veut « disruptif », quand le chancelier est taiseux, très mesuré, pour ne pas dire austère.
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> Cet article est disponible dans son intégralité sur le site Le Parisien.
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